7.5/10Helter-Skelter

/ Critique - écrit par juro, le 10/09/2007
Notre verdict : 7.5/10 - Prêt à port(u)er (Fiche technique)

Tags : skelter helter beatles chanson manson album rock

Le monde du mannequinat déploie sa toile sur un manga de Kyoko Okazaki sans le côté glamour...

Helter-Skelter n’est pas qu’un titre à succès des Beatles, c’est aussi un manga de Kyoko Okazaki (Pink). Comme le précédent, celui-ci se révèle être un manga sombre s’intéressant à l’univers du mannequinât. Avec une femme pour personnage principale tétanisé de vieillir au point de perdre complètement la boule, le manga s’annonce glauque et particulièrement sauvage. La mangaka ne faillit pas aux attentes dans cette lecture profondément provocante…

Terminal Beauté

Splendeur et misère d’un top model… Lili a un visage et un corps “parfaits”. Son incroyable physique entraîne des spéculations sur ses origines, et la jeune femme fait tout pour maintenir le mystère. Mais la réalité est plus simple, et sordide, sa beauté n’étant que le fruit de la chirurgie esthétique. Au fait de sa gloire, la star peine cependant de plus en plus à camoufler ses imperfections. Un jour, l’inévitable se produit : son agence engage une beauté de 15 ans. Lili, menacée, se transforme alors en criminelle…

Helter-Skelter (c) Sakka
Helter-Skelter (c) Sakka
Les thèmes du changement, de la superficialité de la beauté sont évoqués avec leur lots de réflexions intelligentes, pleines de bon sens, de contre sens et de non sens, décrivant plusieurs points de vue pour se donner une idée plus juste du drame vécue par Lili. Helter-Skelter décrit les mannequins comme des êtres instables, aux airs de diva insupportable, loin des rêves de podium et des shootings glamours. A travers une relation ambiguë entre maquilleuse et mannequin, le récit conte l’ascension et la chute d’un personnage autodestructeur autour duquel tout gravite. Derrière ses airs angéliques, le protagoniste féminin se révèle comme une sombre manipulatrice instable, livrant ses pensées les plus secrètes au lecteur. Celui-ci devient son confident privilégié pouvant deviner son ego surdimensionné mais aussi toute l’industrie de la beauté pervertie par l’argent et les personnalités interchangeables selon les modes.

Classe Mannequin

Le manga s’attarde aussi sur les relations entre femmes. Les rapports de force, les coups de garce et d’amitié relativement calculé… Helter-Skelter ne fait aucun cadeau à ses personnages et chacune se retrouve victime de Lili à travers différentes situations (coût en argent, vol de petit copain…). Le côté machiavélique et sournois engendre une spirale infernale de surenchère de malveillance à l’égard de tous ceux qui se mettraient en travers du chemin du mannequin star. Mais la chute n’en sera que plus dure… Kyoko Okazaki se laisse aussi la porte ouverte à une suite jamais aboutie à cause des malheurs de sa vie.

La mangaka offre sensiblement le même trait que pour Pink. Maladroit à première vue, il se révèle complexe et profond, cherchant juste à qualifier les personnages autour de silhouettes aisément reconnaissables. L’effort de la mangaka se porte surtout sur la qualité des dialogues et des réflexions de ses propres personnages. Fortement épuré au niveau du remplissage et du détail, le manga opte pour une exploitation des émotions en pagaille. Du coup, on regarde presque à peine les personnages pour se concentrer sur le nombre foisonnant de bulles dont le manga regorge.

Helter-Skelter se place comme un précurseur du jôsei, tout à fait intéressant et présentant des personnages féminins avec une facette sombre dans un monde totalement perverti par les apparences. C’est presque en tant que visionnaire de la société actuelle que la mangaka trouve un écho retentissant à travers cette œuvre des plus intéressantes…