7/10Gundam - Ecole du ciel

/ Critique - écrit par Djak, le 23/02/2006
Notre verdict : 7/10 - TOP GUNdam (Fiche technique)

Tags : gundam ecole ciel mobile mikimoto manga haruhiko

Depuis quelques mois, on peut remarquer que les éditeurs spécialisés dans le manga et la japanimation surfent sur la vague Gundam. On peut citer Beez qui sort mensuellement au moins un DVD d'une des séries ou films de cette saga, ou encore Pika qui publie Gundam Seed et Ecole du Ciel.
On pourrait se demander quel est l'intérêt de sortir autant de produit de cette franchise étant donné qu'aux dernières nouvelles, elle n'a pas le succès escompté en France contrairement à son pays d'origine. Pourtant, les éditeurs devraient être au courant que les petits « frenchies » ne sont pas tombés dans la mode Gundam. Mais passons ce point, car si les licences sont nombreuses, elles sont aussi hétérogènes comme le prouve Ecole du Ciel qui, si elle ne révolutionne rien au genre, nous propose une lecture agréable, un dessin magnifique et une intrigue complexe loin de tout manichéisme ; bref une intrigue très "Gundam".

Il était une fois en Universal Cenutry (UC) 85...

Ecole du ciel
Ecole du ciel
L'histoire d'Ecole du Ciel débute au Canada an l'an UC 85 dans l'école formant les futurs pilote de M.S...

Mais avant d'aller plus loin, ouvrons une parenthèse pour les néophytes, non fan hardcore de Gundam qui n'ont, à l'heure actuelle, quasi rien compris à cette introduction.
Ecole du ciel retrace un moment clef de la saga Gundam. Cette histoire se déroule entre le légendaire Kidô Senshi Gundam - Mobil Suit Gundam (trois films résument cette série et sont sortis chez Beez) et sa suite/déclinaison Z Gundam, encore inédit à en France. En proie à la surpopulation, l'humanité partit à la conquête de l'espace. Ils créèrent les colonies spatiales : site dans lequel l'environnement terrestre fut reproduit. Cette nouvelle ère pour l'humanité fut appelée Universal Century. La colonie Side 3 dirigé par le duché de Zéon se déclare indépendante et déclare la guerre à la fédération terrestre. Zéon fait alors s'écraser sur Terre la colonie la plus proche de celle-ci. Le massacre fut sans précédent dans les deux camps.

L'action de Ecole du ciel se déroule après cette guerre, baptisée Guerre d'un an et nous conte l'histoire de Asuna Elmerit, jeune recrue de l'école et accessoirement son canard boiteux. La jeune fille est en effet inévitablement calamiteuse dès qu'il s'agit de travailler dans le simulateur de combat. Il faut dire qu'Asuna ne se sent pas à sa place dans cette école et qu'elle passe le plus clair de son temps à dessiner, la tête dans les étoiles. A propos d'étoile, rapidement l'école entière apprend qu'elle est une enfant venant d'une colonie. Son statut de "spacenoïd" lui vaut dès lors les brimades de ses camarades qui n'hésitent pas à la traiter de traitre de Zéon. Pour autant, l'accusation aussi dure soit elle n'est pas totalement fausse, car si Asuna n'est pas pro-Zéon elle y a tout du moins passé son enfance, victime d'expériences visant à produire des "newtypes". Asuna ne le sait pas encore mais elle va vite se retrouver au coeur d'un complot qui pourrait bien entraîner une nouvelle guerre.

...Une nouvelle saga

Ecole du ciel ne dépaysera pas les amateurs de Gundam. Si aux premiers abords (environ les deux premiers volumes), l'orientation de l'histoire suit une tournure et une mise en place de l'intrigue poussive et différente des autres séries de Gundam, très vite le lecteur va retomber sur ses pieds et le mangaka renouer avec les sujets chers à la saga avec, bien entendu, au centre de l'intrigue le conflit Terre/Colonie.
Ainsi, via la situation d'Asuna, des questions seront soulevées concernant l'exclusion, la différence dont elle est victime. Le mangaka propose deux axes de lecture. D'une part, un axe peu sérieux, basé sur les complexes de l'adolescente (petite poitrine, premiers amours...). Mais d'autre part, se développe une réflexion plus mature sur sa différence par rapport aux autres élèves. Différence plus profonde qui touche aux secrets de sa naissance. En élargissant le sujet on retombe sur l'opposition entre les humains et les "newtypes", sur la peur et la jalousie des humains devant un être supérieur.

Les personnages secondaires de Ecole du ciel jouent tous un rôle important dans cette intrigue. Chacun faisant avancer le débat en répondant à des questions mais plus souvent en apportant d'autres. Rares sont les personnages manichéens et unilatéraux dans ce manga. Tous sont approfondis et si ils peuvent paraître caricaturés dans les premiers tomes, bien vite les masques tomberont.
En réalité seule l'héroïne Asuna passe bien souvent avec difficulté. Trop pleurnicharde, futile, sans une once de maturité, elle tape rapidement sur le système. Heureusement qu'elle se met à réfléchir passé quelques tomes.
Au final, Ecole du ciel offre une alternative aux séries Gundam. Fidèle dans sa mise en scène, l'auteur offre un travail scénaristique intéressant qui réserve encore son lot de surprise. Dommage que Harukiho Mikimoto soit coincé dans un lourd cahier des charges qui lui ôte une partie de sa créativité qui aurait rendu certainement la série plus originale. Heureusement Mikimoto peut laisser libre cours à son talent dans le dessin.

« Dis : dessine-moi un Gundam »

Mikimoto signe ici son premier manga sur l'univers vaste de Gundam. Le mangaka n'est pourtant pas un inconnu du public français car il a déja été publié pour des séries plus ou moins réussies comme Macross 7 Trash ou l'oubliable Baby Birth.
Son style graphique est difficile à décrire mais on peut dire sans se tromper qu'il est fouillé, riche, détaillé mais aussi fouilli et parfois illisible. L'auteur utilise énormément les trames, le crayonné et les ombrages. Son dessin est en fait tout sauf épuré. Graphiquement le résultat est hétérogène. Si certaines planches sont sublimes (en particulier celles mettant en avant les personnages et les pages couleurs), d'autres sont complètement ratées. Les scènes de combats ne mettent malheureusement pas en avant son travail car les Gundam (dessinés par un assistant) sont trop anguleux et dépouillés de tous détails. En outre ces scènes sont trop fixes pas assez dynamiques et incompréhensibles dans leur narration.
Enfin le manque de décors trop systématique (on ne dira rien pour les scènes dans l'espace) complète la gamme de défaut.

L'école de Pika

L'éditeur a été à bonne école et nous propose comme à son habitude un travail très correct. Malgré un papier un peu ‘cheap', au grain peu agréable, mais relativement épais et souple, ainsi qu'un encrage parfois baveux (dur, dur de faire un travail parfait sur les dessins saturés de Mikimoto), Pika se rattrape par des explications bienvenues sur le monde de Gundam mais aussi par des pages bonus conséquentes sans oublier les magnifiques et incontournables illustrations couleurs et les jaquettes réversibles.

Ecole du Ciel n'est sans doute pas le manga de l'année ni celui du mois d'ailleurs. Néanmoins, il est sans doute le meilleur manga sur cette saga publiée en France.
En outre il offre une bonne alternative économique à tous ceux qui veulent s'essayer à Gundam. En attendant une sortie de Gundam Origin qui s'annonce excellente, Ecole du ciel se révèle être une agréable mise en bouche.