4/10Frame Saber

/ Critique - écrit par Kei, le 20/06/2007
Notre verdict : 4/10 - Cadre sabre. Aucun sens. (Fiche technique)

Tags : doki eur manga frame saber mangas takuma

Une montagne de clichés. Les amateurs de nanars y trouveront leur compte. Les amateurs de seinen moyen aussi. Les lecteurs adultes s'ennuieront.

P

our le chroniqueur manga, il n'y a rien de pire que de voir arriver entre ses mains un énième pseudo seinen. Un peu plus gore, un peu plus osé que le shônen. Tout a déjà été dit et redit, on a déjà pesté cents fois sur les dessins sans nuances faits à la vite, on a déjà déversé notre bile sur tous ces codes narratifs immuables qui cloisonnent le genre dans une médiocrité énervante, on a déjà exprimé notre énervement face au character design plat. Le chroniqueur manga ne redoute pas le mauvais manga, celui qui est si mauvais qu'il marque les esprits (comme Peridot) par exemple. Ce qu'il redoute, c'est le manga médiocre. Celui qui peuple les étagères de tous les libraires et qui constitue généralement le fond de commerce de la plupart des éditeurs. Croyez-moi, écrire sur un manga de plus, ce n'est pas une sinécure.

Mais on a parfois de très bonnes surprises, comme ici avec Frame Saber. Attention, n'allez pas penser que ce manga est bon. Il ne s'agit que d'un manga médiocre comme beaucoup d'autres, mais il est suffisamment original pour que le chroniqueur n'ait pas besoin de se demander de quoi il va pouvoir parler.

Frame Saber (c) Doki Doki
Frame Saber (c) Doki Doki
Les petits humains sont des êtres frêles. Et leur planète vaut le détour. Comment expliquer sinon la facilité déconcertante avec laquelle ils sont possédés par les Frame Saber, d'étranges créatures dotées de super pouvoirs, mais totalement dévouées à la destruction de l'espèce humaine. Pour leur faire face, les sabers. Même chose, mais en version gentille. Kaon, petite lycéenne, découvre qu'elle est l'hôte d'un saber. Et pas de chance pour elle, elle reste consciente quand son hôte prend le contrôle pour partir pourfendre les méchants monstres de l'espace. Une expérience plutôt traumatisante...

De quoi va-t-il bien pouvoir parler le chroniqueur ? Pas du dessin. Trop commun, trop plat. Il rentre parfaitement dans la catégorie décrite au début de cet article. Le dessin est propre, mais comme bien souvent, il l'est trop. Il est froid, aseptisé, industriel. Logique pour une bande dessinée produite à la chaîne, mais trop passe-partout pour valoir plus que quelques lignes dans une critique. Mais ne soyons pas lapidaires pour autant. Le travail est clair, propre et agréable. Comme pour la plupart des mangas.

Ce dont on va pouvoir parler, ce sont des clichés. On assiste généralement dans les shônens (et on retrouve les mêmes dans beaucoup de seinens qui ne ne sont classés comme adultes que grâce à des dessins plus gores ou plus dénudés) à toute une galerie de codes narratifs : le héros est jeune, pur, franc et fort, il se lance dans une grande quête initiatique, son meilleur ami est plus fort (au début seulement) tout aussi jeune et ténébreux. Ils rencontrent des ennemis de plus en plus fort, ils triomphent grâce à leur amitié. Ils restent loyaux et fidèles à leur valeurs mêmes confronté aux plus bas avilissements. Cela, ce sont des codes narratifs. Tout shônen se doit de les respecter pour ne pas destabiliser le lecteur. Ils sont à opposer aux clichés.

Frame Saber (c) Doki Doki
Frame Saber (c) Doki Doki
Les clichés, ce sont toutes les choses sur lesquelles se sont acharnés les détracteurs de la BD nipponne. L'extrême violence apparente, le fan service, les petites culottes, les uniformes, les costumes de soubrette, les gros seins, les femmes aux formes démentielles, les muscles saillants, le corps huilés, les fantasmes pervers (les poulpes sont nos amis), les lolicons, les visages androgynes, les cheveux roses et verts... J'en passe et des meilleures. Ces mêmes clichés que l'on décrie en permanence deviennent ici l'attraction principale. On dévore ce premier volume juste pour le plaisir de tomber sur un nouveau cliché, toujours plus parachuté que les précédents. L'héroïne est jeune, c'est une collégienne. Mais elle a déjà des formes très adultes (quand on repense à la morphologie des asiatiques et plus particulièrement des japonais, cela fait doucement sourire). Elle ne quitte presque jamais son petit uniforme et sa jupe (très courte). Elle est infectée par un parasite extraterrestre qui peut prendre le contrôle de son corps et la transforme ainsi en cyborg : corps à moitié dénudé, sous-vêtements apparents, bras métallisés, BFG (Big Fuckin' Gun) greffé à la place d'un bras. La totale. Elle se bat contre des entités assoiffées de sang qui veulent la destruction du monde. On a déjà là un joli petit lot de clichés (et je ne passe en revue que les plus gros). Mais ce qui est fantastique, c'est cette scène finale, qui mélange allègrement les plus gros fantasmes sexuels des mangas (il ne manque que des tentacules) : deux Fées, mi humaines mi animales (des faeries), qui se baladent entièrement nues, et qui étaient auparavant deux collégiennes lesbiennes. Oui, c'est beau. On peu applaudir des deux mains. Si dans le second volume l'héroïne (en mode robot vengeur) habillée d'un simple tablier de cuisine se fait violer par une pieuvre de l'espace, ce sera parfait. La série deviendra alors culte...

... de la même manière que les films de Chuck Norris sont cultes.