3/10F - the perfect insider

/ Critique - écrit par Kei, le 06/09/2007
Notre verdict : 3/10 - F le petit fumiste (Fiche technique)

Tags : manga perfect insider naru subete hiroshi mori

Mal dessiné et maladroit dans sa narration, ce manga est tout simplement laid. Pour une adaptation d'un roman plébiscité, c'est plus que décevant.

L'amour rend aveugle, c'est bien connu. Et je soupçonne Hiroshi Mori, romancier de son état, d'être tombé amoureux de l'adaptation en manga qu'il a été fait d'un de ses romans, F the perfect insider. Comment expliquer sinon toutes les éloges dont il couvre le dessinateur de ce manga ? Alors que dans une longue postface l'auteur explique à quel point la qualité du dessin est importante pour lui, c'est ce même dessin qui choque lorsque l'on ouvre ce manga. Oscillant entre le correct et le très mauvais, celui-ci est truffé d'imprécisions qui rappellent bien plus un fanzine qu'un manga professionnel. Problèmes de perspective, pauvreté du trait et simplifications grossières des visages sont monnaie courante. Un bien mauvais début pour un manga que le quatrième de couverture annonce comme étant un chef d'oeuvre de Hiroshi Mori.

F - the pefect insider
F - the pefect insider
En fait de chef d'oeuvre, on a plutôt l'impression de faire face à une sorte de transposition du mystère de la chambre jaune dans un univers très nippon mêlant allègrement organisation technologique surpuissante, pseudo-psychologie torturée et le thème de la mort.

Accordons tout de même du crédit à l'auteur pour sa postface qui est criante de vérité. Oui, la qualité du dessin influe très largement sur le plaisir que l'on peut prendre à lire une bande dessinée. Oui, un dessin qui ne correspond pas à certains standards propres au lecteur est généralement une entrave à la lecture. Mais non, Trawar Asada n'est pas un dessinateur d'exception. L'énigme du roman est déjà laborieuse, nous y reviendrons juste après. Mais si la lecture de ce manga est aussi malaisée, c'est avant tout parce que le dessin terriblement froid d'Asada nous empêche de nous immerger dans le récit. Il faudra avaler une bonne centaine de pages avant de se faire au style pour le moins particulier.

Mais une fois ce temps d'adaptation écoulé, on se retrouve à bien saisir l'histoire. La trame principale n'est pas compliquée. Une jeune fille surdoué assassine ses parents. Mais comme elle est la clé d'un très ambitieux programme de recherche, on se contente de l'isoler dans un bâtiment de haute sécurité situé sur une île et spécialement conçu pour permettre à tout le monde de continuer à travailler sur un gigantesque projet d'informatique. Et lorsque la jeune Moé et son professeur Saikawa débarquent sur l'île pour camper, ils ne peuvent pas s'empêcher d'aller mettre le nez dans le centre, pour découvrir que la jeune génie qui vivait recluse depuis 15 ans est morte. Vraisemblablement assassinée vue la macabre mise en scène à laquelle participe son cadavre...

L'ensemble pourrait être correct si il n'était pas entrecoupé d'horripilantes scènes pseudo psychologiques et philosophiques. Les délires de Gainax sur
Evangelion ont tendance à faire croire que ces passages participent à la construction d'un récit. Et bien il faut avoir conscience qu'une utilisation mal maîtrisé de cet artifice participe à la destruction du plaisir que peut prendre le lecteur. D'autant plus que ceux-ci surgissent dans la deuxième moitié du manga, celle dans laquelle on commence à nous sortir des détails abracadabrantesques de nulle part de la même manière qu'un magicien sort un lapin de son chapeau. L'improbable cotoie allègrement le deus ex machina pour le plus grand déplaisir du lecteur. Un roman qui se veut fin glisse ici et là des indices qui dessinent la conclusion de l'histoire. Ici, il n'en est rien. Les personnages ne semblent rien savoir, puis ils savent, puis ils tirent des conclusions. Sans que le lecteur ne soit au courant. Il a juste droit aux révélations finales qui semblent du coup très capillotractées. Un comble pour un auteur ayant écrit plus de 100 romans et reçu de nombreux prix littéraires.

Pour conclure, je vais faire un acte de pure bonté et ne pas parler du tout de la représentation du monde virtuel et de toutes les références au monde de l'informatique. Inutile d'ajouter du sarcasme à la bile qui a déjà été déversée.