La Divine Comédie - Jeu de scène sans les acteurs

/ Critique - écrit par OuRs256, le 02/12/2015

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Découvrez le grand classique de Dante Alighieri, et sa vision de l'enfer et du paradis dans une adaptation de Go Nagai inspiré des illustrations de Gustave Doré...

Arrivé juste avant Amon, ce titre atypique de l'auteur de Goldorak vient compléter la collection Go Nagai commencée par Black Box il y a quelques mois. En seulement trois tomes, difficile de résumer une oeuvre majeure comme La Divine Comédie... C'est pourtant le pari qu'il s'est lancé. Réussi ou pas ? A vous de juger. 

La Divine Comédie - Jeu de scène sans les acteurs

Adaptation d’une adaptation ? 

Comme dit dans le résumé, Go Nagai s’inspire non seulement de l’oeuvre de Dante mais aussi des illustrations de Gustave Doré. Evidemment, cela lui permet de proposer quelques planches similaires qui viendront rappeler au lecteur qu’il se trouve dans une fable mythologique. On retrouve donc le poète dans son voyage à travers un Enfer pas aussi chrétien qu’on voudrait nous le faire croire. 

En effet, avec toutes ses « prisons » ou différentes sphères, on retrouve un enfer gréco-romain qui a été modifié un peu petit peu pour se fondre dans les croyances chrétiennes. Avec une apparition de démons bien connus et même l’ange déchu, il y a de quoi faire pour tout le monde. Dante ira même jusqu’à visiter le purgatoire et le paradis pour y voir les nombreuses épreuves que les hommes doivent traverser avant d’obtenir un statut d’ange. 

Des questions, des questions, toujours plus de questions…

Comme dans l’oeuvre écrite, la remise en question de soi est un thème central de l’oeuvre de Go Nagai. Ce dernier n’hésite pas à partir en métaphore quand c’est nécessaire. On découvre donc des punitions violentes illustrées tantôt de manière cru, tantôt de manière imagée, preuve que l’auteur n’a pas voulu dépasser certaines limites. 

Au fur et à mesure que le héros avance dans sa découverte des Enfers, il se pose des questions. Il se demande comment les hommes, en sachant ce qui les attend, peuvent se laisser aller au péché et à la dépravation. A un moment, il en vient même à se demander comment lui-même a pu accepter ce voyage et comment il va ressortir de cette expérience difficile.

Du Go Nagai comme on a l'habitude d'en voir

Dans ce titre, on retrouve l’auteur tel qu’il est dans ses autres oeuvres : brut de décoffrage. Il n’hésite pas à aborder des thèmes qui ont du faire une petite polémique à l’époque mais qui, de nos jours, ne passeraient absolument pas (vous comprendrez en lisant mais certains passages ne sont pas politiquement corrects du tout) ; et je ne parle même pas du statut de la femme. 

Dans le dessin et le découpage aussi, c’est du Go Nagai tout ce qu’il y a de plus classique avec des cases bien organisées et très carrées. L’auteur utilise un grand nombre de trames pour donner des effets plutôt réussis dans les différents « mondes » traversés par Dante. Si on regarde bien, les trames des enfers, du purgatoire et du paradis ne sont pas les mêmes et viennent renforcer l’atmosphère de la zone en question. 

Du manga au texte original 

Même si La Divine Comédie de Go Nagai n’est pas exempte de défauts, il faut avouer que le style de l’auteur possède un certain charme. L’oeuvre ayant quelques années, elle n’a pas encore toutes les limitations ou même la censure des temps modernes. On trouve donc un travail particulier, presque écoeurant à certains moments mais qui ne se laisse pas limiter. 

Pour ma part, les trois tomes m’ont donné une furieuse envie de relire l’oeuvre originale (que je n’ai pas touchée depuis quelques années mais qui traine quelque part dans ma bibliothèque) et si le titre aura réussit à attiser la curiosité de certains lecteurs, Black Box aura gagné son pari et aura permis à un chef d’oeuvre littéraire de retrouver un peu d’exposition à une époque où lire n’est plus forcément vu comme une bonne chose.