6/10Defense Devil - Les auteurs du Nouvel Angyo Onshi ont-il besoin d'un avocat ?

/ Critique - écrit par OuRs256, le 10/06/2014
Notre verdict : 6/10 - Matière à guacamole (Fiche technique)

Tags : defense histoire critique manga tome devil monde

Exclu du monde des démons, Kucabara s’ennuie ferme dans ce lieu entre la vie et la mort où transitent les âmes. Consultant, chaque jour, les nouvelles en provenance du monde des humains, où les crimes les plus improbables s’enchaînent, il décide, pour retrouver son pouvoir perdu et réintégrer son royaume, de tenter quelque chose de tout à fait original en devenant… avocat ! Le nom de son plan : Defense Devil, la « défense démoniaque ». En s’improvisant défenseur des pécheurs qui trouvent la mort et des damnés en tous genres, Kucabara peut, en effet, en innocentant ces âmes impures, s’emparer de leur « matière sombre », une énergie maléfique qui, en quantité suffisante, lui permettra de retrouver sa puissance d’antan. Mais réussir à prouver l’innocence de ses « clients » avant que les shinigami, les faucheurs de mort, interviennent, réclamera parfois de sa part le déploiement d’étonnants talents…

Quand on connaît les qualités de leur précédente série (Le Nouvel Angyo Onshi, publié en deux éditions chez Pika qui font respectivement 17 et 9 tomes), difficile de ne pas être excité par la découverte de Defense Devil. Sur le papier, ça semble d’ailleurs plutôt sympathique avec des shinigami, une intrigue « cour de justice »… Mais qu’en est-il réellement ? 

 

-OBJECTION ! 

-Refusée !

Defense Devil - Les auteurs du Nouvel Angyo Onshi ont-il besoin d'un avocat ?
Autant vous l’annoncer directement mais si vous étiez venus pour voir un avocat du diable à l’oeuvre, vous risquez d’être déçus. On commence bien l’aventure avec un démon, Kucabara,  qui tente de défendre la veuve et l’orphelin du moins dans les faits. Ce dernier va intercepter toutes les âmes arrivant en enfer et tenter de prouver qu’ils ne méritent pas d’y rester. Bon… pourquoi pas mais le vrai souci, c’est que tous sont systématiquement innocents… chose étonnante quand on voit qu’ils atterrissent chez les démons… Cependant, alors qu’on commence un peu à rentrer dans le délire des auteurs, ces derniers en profitent pour installer la trame principale. Un climat de révolte règne sur les enfers et il commence à y avoir du grabuge. Alors qu’il va être envoyé sur Terre, Kucabara va faire connaissance avec Idamaria, jeune religieuse possédant des pouvoirs démoniaques. Avec l’aide de cette dernière, il va tenter de remettre un peu d’ordre dans son monde. 

 

Malheureusement, vous avez bien lu. Tout ce qui faisait l’originalité de la série se trouve détruit en un chapitre puisqu’il n’est plus question d’enquête ou de quoi que ce soit d’autre mais bel et bien d’un affrontement entre Kucabara et les dirigeants de son royaume. Même si les enquêtes des deux premiers volumes étaient très simple et basique, elles étaient plutôt sympathiques et nous permettaient de découvrir un personnage assez atypique (c’est quand même un démon qui joue les avocats pour âmes en peine). Une fois qu’il se met en tête d’affronter l’ennemi en question, on revient dans du shônen pur. Il y a la sempiternelle demoiselle en détresse à sauver, les power-ups, les moments de doute, c’est presque du shônen d’école tellement c’est carré. Je ne parle même pas du passé mystérieux du héros qui ne nous est pas dévoilé à cause d’un lien avec les soucis du monde des démons (ça loupe pas). Les auteurs nous jettent presque sans crier gare dans un océan de combats dont le but se précise au fur et à mesure…

 

Accusé, levez-vous !

Defense Devil - Les auteurs du Nouvel Angyo Onshi ont-il besoin d'un avocat ?
Ce revirement dans le scénario est d’ailleurs un peu dommage puisque le titre avait quand même de bons arguments de base. Le plus évident, c’est son graphisme. Le trait du dessinateur n’a rien perdu de sa superbe et s’est même peaufiné avec le temps. Il nous sert des planches juste magnifiques qui ressortent encore plus lors des combats qui profitent d’une dynamique remarquable. C’est nerveux, c’est lisible et franchement agréable à suivre. On s’en prend souvent plein les mirettes avec des pouvoirs grandioses même s’ils restent toujours assez classiques, il faut l’avouer. Le soin apporté aux personnages et en particulier à leurs vêtements est aussi digne de certains seinen. Les auteurs jouent à la perfection sur l’opposition noir/blanc - démon /ange - ténèbres/lumières en proposant des nuances du plus bel effet.

 

Du côté des personnages, les auteurs ont aussi fait du très bon boulot. Kucabara est un personnage qui mêle héros et anti-héros pour un résultat très intéressant. Son côté démon ultra-classe et capable de dominer toute vie surgissant en cas de coup dur contraste énormément avec le jeune garçon faiblard, naïf (en apparence seulement) qu’il est en temps normal. On est cependant un peu moins enthousiaste en voyant que ce schéma a été plus ou moins sur Idamaria. Ce n’est pas sa faiblesse qui contraste avec son côté classe mais plutôt son côté « chieuse » et têtue. Cette dernière ne veut, au départ, rien avoir à faire avec Kucabara et apparaît comme un personnage très capricieux… Même les personnages secondaires ont un petit quelque chose d’attachant : Bichula et sa double forme en surprendra plus d’un, le prêtre semble tout droit sorti d’Hellsing et la voiture d’un manga de Toriyama avec ses remarques bien senties et son design rondelet. 

 

Jugement.

Du haut de ses dix volumes, Defense Devil s’avère être une série plutôt agréable à suivre grâce à son graphisme au dessus de la moyenne mais est loin d’être un indispensable. Si vous avez aimé Le Nouvel Angyo Onshi, vous serez peut-être un peu déçu du scénario et de la façon dont les personnages sont traités. Pourtant, il n’est pas question d’être dépaysés puisque les auteurs réutilisent certaines facilités scénaristiques utilisées dans leur titre précédent (je ne dirais pas lesquelles pour ne pas vous gâcher le plaisir). En une phrase, même s’il n’a pas inventé le fil à couper le beurre, Defense Devil reste un divertissement qui aurait pu être bon s'il n'était pas entaché par une fin ratée.