6/10Contes d'Adolescence - Cycle 1 et 2

/ Critique - écrit par juro, le 28/09/2007
Notre verdict : 6/10 - L'amour fraternel (Fiche technique)

Tags : manga tome watase contes adolescence yuu cycle

Un nouveau Yuu Watase pour la route ? Même recette que les précédents avec une évocation du tabou de l'inceste en toile de fond. Gentillet.

Yuu Watase revient en proposant du Yuu Watase des plus classiques. Mais comme c’est toujours meilleur que la qualité globale de la plupart des shôjo, on ne peut que constater une différence notable. Alors, lorsque la mangaka décide de revenir sur un manga initialement créé lors de son adolescence d’où un titre évident : Contes d’Adolescence, un titre développé en deux temps, deux cycles. Et au milieu de cela naît une histoire ambiguë d’amour fraternel qui pourrait se rapprocher de l’inceste vu sous l’angle de la comédie.

Comme frère et soeur

Asuka Higuchi, qui vient de perdre sa mère, suit les dernières volontés de celle-ci et part à la recherche de son père pour que celui-ci la reconnaisse comme son enfant… Mais elle finit par s’installer dans la même maison que ses demi-frères qui n’ont jamais vu leur père non plus, en attendant de le retrouver. Confusions sans fin s’ensuivent, en particulier à cause dune petite soeur qui n’accepte pas la nouvelle arrivée, d’un demi-frère qui s’avère ne pas être son frère de sang (et de qui elle tombe amoureuse), des bagarres entre voyous à l’école (dont elle devient le chef) et de bien d’autres choses encore qui se développeront en deux cycles.

Contes d'Adolescence (c) Glénat
Contes d'Adolescence (c) Glénat
Je vous venir. Immédiatement, on pourrait imaginer que Yuu Watase va chercher dans les fonds de tiroir pour nous faire parvenir un manga supplémentaire dont la qualité laisserait à désirer. Mais pas du tout. Le processus scénaristique et la qualité globale des dessins se rapprochent de son style actuel tout comme la narration. Malheureusement, l’herbe lui a été coupée sous le pied les deux fois car les fins sont brusques et radicales, laissant un goût amer sur des personnages plutôt plaisants. Le couple fraternel constitué de Asuka et Manato sublimerait presque le shôjo avec deux personnages qui… réfléchissent (chose incroyable dans le manga à destination des demoiselles) ! Le rythme, les blagues sont plutôt plaisantes à suivre malgré les grosses ficelles sur lesquelles la mangaka compte pour développer ses scénarios chapitrés. Le bon élève et la cancre, le playboy et la jalouse et tous les ingrédients susceptibles d’apporter un élément humoristique à des saynètes qu’elle se plait à mettre en scène avec rigueur.

Quiproquo et engueulade

Pour autant, il faut relativiser son enthousiasme et mettre Contes d’Adolescence au niveau des œuvres mineures de la mangaka tout comme Mais Moi je l’Aime ! Ces mangas demeurent tout de même largement perfectibles notamment à cause de gros raccourcis qui font progresser rapidement la situation au détriment du sens général de l’intrigue. Le découpage par chapitre permet à la mangaka de se donner du temps et la faible évolution du scénario laisse tout de même assez amer. Surtout lorsque les fins sont mises en scènes tombant comme un cheveu sur la soupe. Yuu Watase se contente d’opposer par tous les moyens deux personnages forts en caractère qui enchaînent quiproquo et engueulade d’amoureux en tentant de cacher leur secret qui n’en est pas un. Cela fonctionne un temps, trois volumes sont largement suffisants pour ne pas tomber dans une « œuvre tiroir-caisse » au long cours très fastidieux. La mangaka a été arrêtée à temps.

Il n’y a pas à attendre beaucoup de nouveauté du style de Yuu Watase. Son style clairement défini met toujours en avant deux personnages fortement travaillés entourés d’une pléiade de personnages secondaires moins intéressants. Tout se concentre autour d’eux et la mangaka se plaît à les déformer à souhait avec une utilisation intempestive d’un SD bien maîtrisé. Le manga apparaît épuré mais avec tous les défauts habituels propres au shôjo…

Contes d’Adolescence comblera les fans absolus d’une des prêtresses du genre mais laissera les autres glacials. Les aventures de Asuka et Manato sont amusantes un moment mais on pourrait attendre quelque chose de plus consistant qu’une succession d’historiettes sans progression. Pourtant, on n’a sans doute pas fini de voir les nouvelles œuvres de la manga débarquer de la même manière chez les éditeurs francophones et on peut déjà dire : « à très bientôt Yuu ! »