7.5/10Comme la Lune surgissant des nuages

/ Critique - écrit par Kei, le 14/09/2007
Notre verdict : 7.5/10 - Inattendu ! (Fiche technique)

Tags : manga comme nuages surgissant lune park casterman

Un manga surprenant et inattendu qui renouvelle agréablement le genre. Encore une preuve que l'école coréenne n'a rien à envier à la japonaise.

Si l'on pensait que l'école Japonaise avait décliné la bande dessinée de sabre sous toutes ses formes, on se trompait. Car si la grande majorité des mangas parlant de sabreurs se ressemblent beaucoup, et que les manhwas semblent tout simplement calqués sur ce modèle simpliste, on trouve quelques bandes dessinées corréennes très sympathiques.
La Lune et le soleil avait ouvert la voie en présentant en lieu et place des demi dieux (beaux, forts, sensibles) habituels des anti-héros à la limite du repoussant. Comme la Lune Surgissant des Nuages poursuit sur cette voie, en étant beaucoup plus réaliste.

Comme la Lune Surgissant des Nuages
Comme la Lune Surgissant des Nuages
Fils d'un fonctionnaire (une haute fonction dans la Corée médiévale) et d'une courtisane (une basse fonction quelle que soit l'époque et quel que soit le pays), Kyun-Ju est un bâtard. Surnommé Kyon-Ja (Fils de chien) il n'est rien d'autre qu'un grand nigaud de 18 ans, fort comme un boeuf mais décidément bien loin de toute considération intellectuelle. Il vit au crochet de son père en se préparant à une vie sans gloire lorsqu'il fait la rencontre d'un aveugle un peu particulier. Celui ci vient pratiquer un peu d'acupuncture sur le jeune homme qui a subit un interrogatoire plutôt musclé. Très vite, le vieil aveugle va se révéler être un maître du sabre, et prendra le jeune homme sous son aile.

Vraiment, ce manhwa n'a rien d'extraordinaire. Des brutes épaisses un peu demeurées qui deviennent plus mûres grâce à l'expérience d'un vieux maître, on en a déjà vu des dizaines. Les vieux maîtres aveugles, on ne les compte plus. Et les manga de sabres non plus. Ajoutez à cela un dessin statique et très peu esthétique et vous pourrez vous demander le pourquoi de la note attribuée à ce premier volume.

Park Heung Yong a fait naitre sous sa plume un manhwa relativement passable dans la forme. Techniquement l'ensemble est très pauvre et les premières pages sont un véritable calvaire. Mais une fois cette barrière passée, on découvre un héros véritablement humain. Peu de paroles sont échangées dans ce tome. L'essentiel du texte est constitué des pensées du héros. Plus qu'une quête de puissance, Comme la Lune Surgissant des Nuages est l'histoire d'un quête initiatique, d'un voyage introverti. Le personnage principal se découvre lui-même en même temps qu'il découvre le monde. Au fur et à mesure, le livre se fait plus calme, plus contemplatif. Le combat fini même par devenir secondaire. Les seules choses qui comptent se résumant à une femme et à un choix de vie. Et finalement, ce dessin inexpressif et ces gueulent cassées se révèlent être bien plus émouvantes que des grands yeux et des grimaces. Tous peinent, mais ils ne le montrent pas. Leur combat est intérieur avant d'être physique. Et un petit manhwa qui semblait médiocre devient une excellente surprise.

La narration et le dessin sont tous deux intimements liés et partagent plus que de l'espace dans les cases. L'un comme l'autre sont généralement assez bruts. Sans fioriture, ils sont souvent réduits à l'essentiel. Mais au détour d'une scène, le ton se fait lyrique, romantique ou philosophique, créant ainsi un contraste saisissant avec l'ensemble. De la même manière, le dessin est parfois extrêmement travaillé, lors d'un gros plan. L'auteur joue de ces deux procédés pour créer une véritablement émotion par moment, pour créer de toute pièce une tension palpable. Et c'est une réussite. Au même titre que La Lune et le Soleil, ce manhwa fait plus que surprendre. Il devient lui aussi une série à laquelle on fait plus que s'intéresser.