Cat Shit One
Manga / Critique - écrit par juro, le 04/01/2007 (Tags : cat one manga shit tome glenat mangas
Chez Glénat, on fait généralement dans le bon ou le moyen, rarement en dessous. La ligne éditoriale de l'éditeur se taille la part du lion avec les shônen à succès (One Piece, Eye Shield 21, Bleach venant du magazine nippon de prépublication Jump). Qu'elle n'est pas notre surprise lorsque Cat Shit One nous parvient entre les mains, tout droit tiré d'on ne sait où mais avec tout pour plaire. La guerre du Vietnam revisitée par les animaux nous emmène directement au beau milieu de l'action avec un ton adoptant une prise de conscience qui n'est pas sans rappeler des chefs d'oeuvre comme Apocalypse Now ou Platoon. Et tout cela dans un enrobage graphique sublime. Un vrai très très bon manga à ne manquer sous aucun prétexte.
C'est pas ma guerre, colonel
Cat Shit OneLes tribulations de la brigade de l'armée US Cat Shit One amènent le sergent Perkins et ses acolytes, Rats et Botaski, à effectuer des missions périlleuses sur le territoire vietnamien. Au plus près de l'action, les voilà amenés à arpenter la jungle de l'ex-Indochine pour livrer bataille aux vietcongs. Des missions à la prise de conscience de leurs actes, les membres de Cat Shit One côtoieront toutes les situations : assaut dominant et... embuscades fatales...
Dans son traitement scénaristique, Cat Shit One rappelle immédiatement Another World War II côté asiatique. Mais c'est bien évidemment la référence à Maus qui saute aux yeux, la guerre effectuée par des animaux contre des... animaux. Chaque nationalité de soldat étant affublé d'une espèce particulière : les étasuniens sont représentés par des lapins, les coréens par des singes, les viets par des chats, les français par des cochons... En dépit de l'aspect animal, voire presque kawaï sans SD, de ces peluches de combat, le ton est tout autre. Et c'est une immersion totale dans le monde de l'armée : son code, ses langages, sa stratégie de combat, la vie en dehors du champ de bataille. Tout. Absolument tout est mis en avant pour que le lecteur dévore l'ouvrage de A à Z. Le scénario enchaîne les missions d'importance, assurant un point de vue tout à fait crédible sur les faits historiques. Au-delà de cela, les personnalités des trois lapins les rendent attachants et humains à la fois. L'immersion au plus profond de la jungle sud asiatique se révèle être une expérience à vivre intensément.
Le coup du lapin
Au front, ils interprètent les ordres sans se poser de question mais la durée de la guerre s'allongeant, ils prennent conscience de l'horreur engendrée par leurs actes. Progressivement, la narration (excellente au passage) dégage l'idée que derrière le conflit de la guerre froide US / URSS se jouait sur un échiquier morbide dans lesquels les locaux n'étaient que des victimes sacrifiées. D'ailleurs, la guerre est au centre de tous les débats et ses conséquences n'épargnent personne, la fin du second volume insiste lourdement sur ce fait. Evidemment, en restant autocentré sur le point de vue des étasuniens, le manga de Motofumi Kobayashi se dote d'un parti pris déjà vu mais traité suffisamment bien pour ne plus relâcher son attention une fois la première histoire courte lue.
Et là, c'est une grosse claque dans les yeux. Mais une claque qui fait énormément de bien. Le genre de baffe qui vous fait rigoler chaque fois que vous ouvrez un shônen, le genre de trait qu'on ne se lasse d'admirer tellement il se montre subtil en tout point. Oliver Stone n'aurait pas présenté mieux la jungle et les éléments militaires de l'armée US avec sa caméra que le mangaka avec sa plume. Si le trait est à classer parmi les plus gratifiants à regarder, la raison en est simple : les hachures et la qualité des détails donnent une impression permanente de mouvements, complété par un découpage actif et un remplissage de premier ordre. L'ouvrage en format moyen bénéficie du travail reconnu de Glénat en terme d'édition.
Les quelques pages couleurs magnifiques viennent renforcer l'impression de se délecter d'un grand manga passionnant de bout en bout avec un sujet fort. Aux trois volumes existants, il faut rajouter le volume 0 et Cat Shit One deviendra une oeuvre à conserver dans sa mangathèque pour la relire plusieurs fois.