Un Bouquet de fleurs rouges
Manga / Critique - écrit par juro, le 01/07/2008 (Rumiko Takahashi, mangaka ultra-célèbre des glorieux Lamu, Juliette, je t'aime ou Ranma 1/2 est prolifique. Dans sa série de one-shot à succès, elle le prouve une fois de plus...
Rumiko Takahashi est une mangaka inspirée nous ayant souvent fait profiter de séries à succès (Maison Ikkoku, Inu Yasha, Urusei Yatsura ou encore Ranma 1/2) ainsi que de nombreux one-shot (La Tragédie de P, Le Chien de mon Patron). Très souvent, elle a marqué les esprits avec les uns ou les autres et cette fois-ci avec Un Bouquet de Fleurs Rouges, elle récidive. Les rapports familiaux sont au centre de ce recueil d'histoires courtes plaisantes et créatives, un peu comme dans Mes Voisins les Yamada.
Histoires de famillesUn Bouquet de Fleurs Rouges
(c) TonkamTroisième volume de sa série de nouvelles, Akai Hanataba (littéralement Un Bouquet de Fleurs Rouges) nous offre une nouvelle fois une vue inimitable sur la société japonaise. Avec autant d'humour que de lucidité, Rumiko Takahashi aborde le fossé des générations, l'absence de dialogue et l'incompréhension qui s'installent peu à peu dans les foyers. Après Le Chien de mon Patron et La Tragédie de P, le nouveau recueil de Rumiko Takahashi se concentre sur le salaryman. A travers de petites tranches de vie quotidienne, découvrez le malaise de l'homme japonais déchiré entre son travail et sa famille. Des histoires légères et drôles pour des personnages touchants qui se sentent incompris par leurs proches. Un regard tendre et compréhensif sur les maux de l'âge adulte...
C'est toujours un plaisir de découvrir Rumiko Takahashi dans des chroniques sociales remplies d'humour se jouer des conventions du manga pour offrir un point de vue décalé sur l'évolution réelle de ses contemporains. Desfamilles au bord de l'implosion ou se connaissant mal compose Un Bouquet de Fleurs Rouges mettant au jour un mal récurrent de la société actuelle. Rumiko Takahashi se fait une joie de tourner en dérision ces personnages ayant perdu un des liens les plus importants les unissant aux autres : celui du sang. A cela, la mangaka répond par l'humour montrant tour à tour un père absent redécouvrant son fils devenu un homme (Papa et les graffitis) et inversement avec un fils s'occupant de son père grabataire (Help !), ou encore le renforcement des liens de belle-famille (Vacances forcées). Tous savent qu'ils ont perdu une partie de leur âme mais ne savent pas comment la reconquérir alors ils tentent. Tant bien que mal. Pour se remettre d'aplomb et espérer une seconde jeunesse, surtout pour des hommes arrivés au démon de la quarantaine et soucieux de séduire encore (Le Rêve d'un voyage sans Lendemain, Permanent Love). Mais la meilleure de toutes ces bonnes histoires reste sans doute celle au titre éponyme à l'ouvrage confiant le rôle titre à un mort voyant son propre enterrement et les gens chers à son coeur révéler enfin leurs sentiments derrière des façades ternes.
Rose et épine
Rumiko Takahashi dégage la part d'humanité résidant derrière nos quotidiens stressés, mettant en valeur notre insoupçonnable qualité d'adaptation spontanée ou contrainte (oui, enfin, surtout contrainte pour un maximum de gags) à des situations hors de contrôle. On s'amuse à voir des personnages pas si éloignés de ceux de la vie quotidienne réelle tomber dans des pièges dantesques et montant très très vite en épingle pour exploser complètement à des moments scénarisitiques bien sentis, atteignant un paroxysme de rire franc chez le lecteur. Les lecteurs des précédents one-shot ne seront pas dépaysés, l'auteur conserve sa forme habituelle qu'elle dilapide dans ses séries à rallonge. Le format court lui va comme un gant et si ces récits ne seront pas les plus marquants de sa bibliographique, Un Bouquet de Fleurs Rouges constitue un honnête divertissement.
L'aspect visuel réaliste et léché Takahashi renforce la puissance du scénario car on prend autant de plaisir à admirer les cases qu'à lire les savoureux dialogues. La signature de l'auteur demeure une valeur sûre du manga à tous les plans. Ses visages divers, son ensemble dépouillé mais intensément travaillé, son découpage actif et tellement simple, ses personnages renouvelés par petites touches en rappelant tellement d'autres de ses précédents travaux... Tout concorde à faire apprécier les nouvelles. Pas besoin de se mettre au goût du jour pour laisser apprécier son oeuvre.
Un Bouquet de Fleurs Rouges se montre comme un petit ouvrage sympathique à lire. Preuve que les one-shot demeure souvent de fantastiques sources de liberté de parole que nombre de séries à rallonge oublie d'exploiter. Un Rumiko Takahashi, et encore un bon à se mette sous la dent. Avis aux retardataires.