Blood and Steel – Déferlante de fer chez Kotoji

/ Critique - écrit par OuRs256, le 28/05/2015

Depuis le début, Kotoji s’est donné pour objectif de travailler ses titres comme un éditeur le ferait pour du manga. Leur première tentative, Crystal Sky of Yesterday était une vraie réussite de ce point de vue avec un titre axé tranches de vie qui a ravi les amateurs du genre de par son graphisme somptueux mais aussi grâce à son histoire touchante. Avec Blood and Steel, ils se lancent le défi de proposer un peu d’action… à la chinoise !

Qui dit action dans la Chine ancienne dit combats d’écoles. Ici, c’est le Wudang qui tente de s’imposer comme « empereur » des arts martiaux. Pour ce faire, ils se rendent dans toutes les écoles d’arts martiaux et montrent leur supériorité en écrasant leurs membres les plus forts. L’histoire commence ainsi lorsqu’ils arrivent à Qingsheng, une école où étudie Yang Heng, un jeune prodige qui va assister à la chute des valeurs qu’il défendait mais aussi des maitres qu’il admirait.

Blood and Steel – Déferlante de fer chez Kotoji

Kotoji a eu la bonne idée de sortir deux volumes d’un coup et on comprend très rapidement pourquoi : ils font office de prologue. Les premiers chapitres s’avèrent très instructifs et expliquent au lecteur novice du genre le fonctionnement des écoles d’arts martiaux de tradition chinoise. On suit donc la naissance du pratiquant Yang Heng ainsi que ses derniers jours en tant que disciple, les épreuves qu’il doit surmonter pour y arriver et la joie de parvenir enfin à atteindre son but. La réaction du jeune homme n’en sera que plus violente alors que son monde s’effondre devant lui et qu’il voit tomber une à une les grandes figures qui ont guidé son enfance. C’est donc la vengeance qui lui dictera sa voie même si ses rencontres pourraient le faire changer d’avis.

Cette longue introduction (2 tomes complets tout de même !) nous indique clairement que Blood and Steel est l’adaptation d’un roman. Il n’y aucun doute là-dessus ! Le rythme, parfois contemplatif, est calme et posé et ce, même pendant certains combats dantesques. On sent une maitrise parfaite de ce qui se passe, de la façon dont les évènements sont agencés… La narration en arrière-plan est travaillée presque comme un commentaire, avec une vue directe sur le ressenti du héros et ce, malgré le combat monstrueux qui se déroule devant ses yeux. Le dessin raconte ainsi une histoire et le texte en narrerait presque une autre. Une fois lu dans son intégralité, le prologue prend tout son sens. Les motivations de Yang Heng sont claires, son but est défini, il ne manque plus qu’à s’y rendre, probablement doucement mais il ne devrait pas y avoir de surprise de ce côté-là.

Graphiquement, on sent le trait à la chinoise. C’est épais mais précis, tranchant quand il y a besoin et les maitres dégagent une véritable aura. Un peu comme le grand maitre de Ryozampaku dans Kenichi, on comprend tout de suite pourquoi et comment ils ont pu se hisser au top. En résumé… ils en imposent ! Au contraire, Yang Heng, encore en apprentissage est dessiné finement et on remarque bien le changement des traits de son visage entre le début du premier tome et la fin du second. Les combats sont chorégraphiés (ou du moins mis en scène) dans la plus pure tradition chinoise. Les personnages bougent bien et le mouvement est bien retranscrit, en particulier l’impression de rapidité dégagée par Yang Heng qui possède une agilité étonnante. Chose étonnante, on a le droit à une grande variété de styles en juste deux volumes (épée simple, double épées, lance, poings…), juste de quoi nous faire rêver de potentielles stratégies de combat à venir.

Le potentiel de la série est là et il est indéniable. Les amateurs de films d’arts martiaux à la Tigres et Dragon (pas forcément le meilleur choix mais disons qu’il parlera à un maximum de monde) seront ravis de retrouver un univers détaillé et réaliste. Blood and Steel fait partie de ces titres qui peuvent proposer des moments de vie (dans la période historique donnée) mais aussi des combats titanesques entre pointures dans leurs disciplines respectives. Kotoji prend des risques car la BD chinoise (ou manhua) est encore loin d’avoir trouvé son public en France. Cependant, le soin apporté à l’édition montre que l’on peut compter sur l’éditeur. Sachant que, pour le moment, il ne cherche pas à inonder le marché mais plutôt à choisir des titres à même d’amener un public curieux vers un divertissement auquel il ne s’est peut-être pas encore assez intéressé.