7/10Blood Alone

/ Critique - écrit par Kei, le 11/01/2007
Notre verdict : 7/10 - Not the last vampire (Fiche technique)

Tags : blood alone manga takano masayuki tome vampire

Blood Alone n'est pas un manga indispensable. Mais le dessin charmant et le ton léger en font un début de série tout ce qu'il y a de plus agréable. A surveiller.

Même si les vampires ont longtemps été sous-représentés au pays du Soleil Levant, la tendance s'inverse doucement. Les manga et anime se basant sur ces créatures tout droit venues d'Europe de l'Est se multiplient, toujours en adaptant la forme (les êtres immortels à la force phénoménale buvant du sang) à un fond rarement en accord avec les légendes qui ont servi de base. On est même généralement bien loin du Dracula de Bram Stoker. Ces adaptations très libres sont faites avec plus ou moins de bonheur, mais sont toujours plus nombreuses à arriver sur les étagères de nos gentils libraires. Blood Alone n'est rien de plus qu'un autre de ces manga. Son traitement du vampirisme le fait tout de même très largement sortir du lot, en proposant une approche assez inédite du phénomène : la maladie.

N'allez cependant pas croire que ce manga se focalise sur la recherche d'un médicament adapté. La maladie n'est qu'une approche au vampirisme, un background pour l'intrigue. Celle-ci se met doucement en place dans se premier volume. Kuroe est écrivain, Misaki est une vampire. Ils vivent ensemble, de nuit. Lui est un beau jeune homme, la vingtaine d'années consommée depuis quelques temps déjà. Elle est une belle jeune fille, d'un âge incertain, mais dont l'apparence rappelle une fillette de 14 ans. Entre eux deux s'installe une relation assez trouble. Plus que des amis, moins que des amants. Comme des frères et soeurs très proches. A ceci près qu'elle est très clairement amoureuse de lui. Elle est vampire depuis peu de temps (pour un vampire, donc pas pour un humain... en clair nous n'avons aucune idée de son âge), il a été blessé par un vampire et en a gardé quelques séquelles. Leur passé commun n'est pas clair, et il n'est pas évoqué.

(c) Ki-oon
(c) Ki-oon
Un synopsis plutôt étonnant pour un manga traitant de vampirisme, non ? Alors que l'on s'attend à entendre parler de goules, de révoltes, de luttes pour le pouvoir et de bains de sang, on a droit à un scénario digne d'un shojô. Bien sûr, ce n'est pas qu'un simple shojô, et on a droit à une petite incursion dans une enquête policière. Mais au milieu de ce volume, ce passage ressemble à un aparté, une parenthèse. Il ne fait que colorer le quotidien des deux protagonistes principaux. Ce n'est pas plus mal d'ailleurs, car cet interlude n'a rien de bien passionnant. Une histoire semi-fantastique comme on en voit des dizaines, sans rien d'original. Le seul point positif de ce passage est une allusion faite à la nature de l'héroïne. Elle révèle la bête qui est en elle, et qui est une toute autre personne. Mais cet aspect est bien trop vite écarté, dommage. D'autant plus dommage que l'héroïne a manifestement un passé plus que trouble, et que celui-ci n'est évoqué qu'à demi-mot. Il garde tout son mystère, et c'est tant mieux. Il est trop rare de voir dans un manga un passé commun seulement évoqué, jamais raconté. On évite ainsi les très énervants passages dans lesquels un personnage raconte à un autre sa vie dans un long monologue très peu naturel. Masayuki Takano fait même bien mieux que cela. En se contentant de faire des allusions au passé des personnages, il nous fait découvrir le coté fragile de ceux-ci. Le vampirisme est considéré comme une maladie inconnue, dont on ne peut guérir, et de laquelle il faut s'accommoder et tirer le meilleur.

Blood Alone est un seinen intelligent, qui peut plaire à tout le monde. A la manière de certains Clamp ou du très beau Larme Ultime, il se place à la croisée des genres et promet à tous un très bon moment de divertissement. (c) Ki-oon
(c) Ki-oon

Un bon moment rehaussé par la saveur du dessin. On pense beaucoup au trait de Kei Toume, mais le character design est beaucoup plus classique. Les personnages correspondent aux stéréotypes du genre, à des lieux des fortes gueules de Sing Yesterday For Me par exemple. Le dessin de l'auteur ne manque pourtant pas d'attrait. Les visages sont tous très réalistes. Sans être mobiles comme dans tout manga, ils sont très expressifs. On peut juste regretter qu'il n'y ait pas plus de pages mises en couleurs. La seule du manga est tout simplement superbe, bien plus belle que la couverture.

Chose amusante, les pages sont parfois à fond blanc, parfois à fond noir. Mettre un fond noir est un procédé assez courant permettant de créer une ambiance plus sombre, comme dans Machine qui rêve. Dans les mangas, cet effet est souvent utilisé pour signaler un flashback. Mais ici, il ne sert qu'à marquer l'alternance du jour et de la nuit, chose ô combien cruciale pour un vampire. Le seuls soucis, c'est que le lecteur ne le remarque pas immédiatement. Il faut faire attention et se demander quelle est la signification de ces couleurs pour le comprendre.

Blood Alone n'est pas un manga indispensable. Mais le dessin charmant et le ton léger en font un début de série tout ce qu'il y a de plus agréable. A surveiller.