Bambi
Manga / Critique - écrit par Kei, le 03/08/2006 (Tags : bambi disney film mere foret animation walt
Bambi est une excellente surprise, et si l'histoire s'affirme au cours des 4 tomes suivants, cette série pourrait bien se révéler être la série de l'année.
Les mangas sont violents. Les mangas sont gores. Les mangas sont peuplés de jeunes filles aux airs de sainte nitouche. Les mangas sont remplis de toutes les perversités du monde. Ces critiques faciles à propos des bandes dessinées nipponnes, nous les avons entendus des centaines de fois. A chaque fois, nous avons répondu que tout les mangas n'étaient pas comme ça, et que ceux qui l'étaient n'étaient pas les plus intéressants. Que ces mangas remplis de codes n'apportaient rien au genre. Qu'ils étaient destinés à un public d'adolescents, et que par conséquent ils n'étaient pas très soignés.
BambiEt voila Bambi. Une couverture en noir et blanc, une illustration montrant une jeune fille. Cheveux roses, ongles roses, mini-short, top un peu lâche, et un bon gros flingue rose pointé sur un ennemi hors champ, mais certainement mort. Un best of des clichés réunis en une seule couverture, il fallait le faire. Pourtant, on ne pense pas du tout au shônen, ni aux shôjos. La seule association d'idée qui nous traverse l'esprit vient de Sin City, le film. Le dessin tout en noir et blanc, rehaussé de quelques petites touches de couleurs très vives, associé au ton assez Rock 'n Roll de l'image nous tient bien éloigné des Naruto et autres Hunter X Hunter, et fait voler en éclat notre gentille argumentation sur les clichés des mangas.
Bambi est une garçe. Flingue au point, elle dézingue à tout va, sans remords, sans arrières pensées. Son but ? Mettre la main sur un sale môme pour le compte "des vieux", et le ramener en un seul morceau. Et vivant de préférence. En face d'elle, le crime organisé (on pourrait parlementer longtemps sur le fait qu'elle trempe elle aussi dans le crime organisé, mais ceci est une autre histoire), incarné en la personne de la plus trash des rocks star de tous les temps : Gabba King. Botte de cuir, gilet à franges, bagouzes, ongles long et crochus, une banane en guise de coupe de cheveux, du gras tout le tour du ventre, et des groupies tout le tour du gras. Il est la violence et la cruauté, il est la gloire et la décadence. Il est la plus grande de toutes les rock stars. Et veut aussi le gamin.
Le scénario est le seul point faible de ce manga. Il est juste convenu, sans grand intéret. On retrouve les grandes ficelles des films de mafieux, et celles des films d'action. Aucune surprise, mais aucune déception non plus. On évolue en terrain connu, on retrouve ses marques, celles qui viennent des films et des séries B. Celles qui viennent de toute la culture rock anglo-saxonne, à des lieux des codes traditionnels nippons.
En revanche, à l'inverse du scénario, graphiquement ce manga est un festival. Il joue avec les procédés d'édition de manga, puise allègrement dans les plans généralement réservés au cinéma et fourmille d'idées innovantes. Au lieu de sacrifier au rituel du noir et blanc, toutes les pages sont imprimées en rouge profond pour le premier tome, et varieront du bleu gris à l'orange pour le second, avec des pages très bariolées vers la fin. Au pays de la BD imprimée à la va-vite sur du papier de mauvaise qualité, Bambi détonne. Cette bande dessinée est imprègnée de l'esprit rock'n'roll. Elle bouscule tout ce qui fait habituellement le manga, et s'inspire très fortement de tout ce qui vient d'outre-Pacifique (pour l'archipel).
Tout est déjanté, tout est violent, tout est déglingué, tout part en vrille, tout est toujours sale, tout est toujours un peu malsain, à l'image de films comme Tueurs nés ou Las Vegas Parano. Et bien entendu, jamais rien n'est pris au sérieux. Pour ce qui est de l'ambiance et de l'univers, Bambi n'a pas d'égal parmi les mangas. Mais comme pour tout ce qui se veut véritablement rock, il n'y aura pas de demi mesure. Vous serez fan, ou vous détesterez l'univers.
Dans tous les cas, même si vous êtes transportés par l'ambiance psychotique, vous ne ressortirez pas de votre lecture en vous disant que vous avez dans les mains un chef d'oeuvre. Car en dépit de toutes les prouesses graphiques et de l'originalité dont fait preuve ce manga, il lui manque un scénario prenant. Un de ceux qui font trembler ou rire. La trame qui sous tend le manga est bien trop légère pour que l'on s'y attache vraiment, et pour être franc, on s'ennuie une fois passé l'effet de surprise. Bambi reste cependant une excellente surprise, et si l'histoire s'affirme au cours des 4 tomes suivants, cette série pourrait bien se révéler être la série de l'année.