6.5/10Astral Project

/ Critique - écrit par juro, le 21/05/2008
Notre verdict : 6.5/10 - La tête dans les étoiles (Fiche technique)

Tags : astral projection corps manga body step that

Voler dans le ciel, tel est son destin. Mais son obsession est tout autre et Masahiko compte bien percer un grand mystère à jour.

Un nom connu se cache sous le pseudonyme de Marginal. En effet, l'auteur de Old Boy est de retour aux commandes avec le scénario de Astral Project. Et Tsuchiya Garon semble avoir retrouvé la forme pour signer un scénario fantastique tournant autour du thème de la mort et des phénomènes paranormaux. Accompagné par Syuji Takeya à la plume, voici un beau manga qui promettait beaucoup mais qui laisse sur une impression d'inachevé décevante.

Décorporation

Astral Project (c) Sakka
Astral Project (c) Sakka
Une nuit, alors qu’il traîne en boîte, Masahiko reçoit un coup de téléphone anonyme lui annonçant la mort d’Asami, sa soeur aînée. Il décide de retourner chez ses parents afin de récupérer un objet, n’importe lequel qu’il puisse garder en souvenir d’elle. Il choisit de prendre le dernier CD qu’elle a écouté, un CD gravé, resté dans son lecteur. De retour à Tokyo, à l’écoute du CD, Masahiko se retrouve flottant dans les airs… au-dessus de son propre corps ! Il commence alors à tenter diverses expériences: survoler Tokyo, se rendre d’un lieu à un autre, attraper des objets… C’est ainsi qu’il rencontre deux personnes, qui comme lui, peuvent sortir de leur corps. Le peu de mots qu’il échange avec eux ne fait que multiplier les questions : pourquoi ce CD lui permet-il de quitter son enveloppe corporelle ? Quelles sont les autres entités existant dans ce monde ? La mort d’Asami est-elle liée à tout cela ? Masahiko commence donc à enquêter sur le musicien à l’origine de cette musique. Il s’avère que c’est Albert Ayler, un jazzman américain de génie, mort de manière mystérieuse…

Trois volumes pour monter un mystère insoutenable et un quatrième volume pliant rapidement l'affaire avec un happy end inattendu et franchement malvenu font de Astral Project une série inégale qui possédait tout pour elle au départ. Un scénario inspiré montrant un héros perdu après de multiples révélations sur la vie de sa soeur, beaucoup d'aspect fantastique rondement menés et une galerie de personnages laissant aspirer du meilleur pour la suite. C'est donc le cas pendant trois volumes avec un ton très orienté seinen à l'image des nombreuses références classieuses que se permet Marginal (jazz, peinture...) et les dialogues philosophiques des personnages lors de leur rencontres dans le ciel. Au milieu de tout ceci, Masahiko se prête au jeu de la décorporation avec l'obsession de savoir le fin mot de l'histoire. Seulement, les questions s'accumulent et les réponses ne viennent guère à tel point que le quatrième volume n'en apporte pas ou peu, oubliant tout le passif bienheureux construit jusqu'alors pour bâcler véritablement l'ensemble, révélant un flou dans le dénouement. Comme si Garon n'avait pas su répondre à ses propres questions. A moins que la série ait été écourtée par manque de succès...

Dans le ciel de Tokyo

Dommage que le manga connaisse un inaboutissement si précoce car les questions posées dégageait une véritable réflexion sur les liens entre la mort et les hommes comme un polar passionnant. Bourré de qualités au premier abord, Astral Project possède de nombreux personnages marginaux, évoluant anonymement dans la société et qui apportent leur pierre à l'édifice à la construction d'interrogations comme : qu'est-ce que la décoporation ? De qui viennent les ordres ? Que deviennent de nombreux personnages importants ? Quel est le rôle des Etats-Unis dans tout cela ? On s'en mordrait presque les doigts à la fin du dernier volume tellement l'intensité avait été monté en exergue.

Le trait de Syuji Takeda est agréable visuellement avec un gros travail sur l'expressivité et le chara design changeant des personnages même si des moments de faiblesse apparaissent à plusieurs reprises. Le sens du détail, le découpage convaincant, l'intégration de plans cinématographiques par le biais d'une belle romance, servi par une superbe édition (comme d'habitude) chez Sakka.

Mille fois dommage. Astral Project était emballant par son scénario et un grand sens de l'intensité mais de nombreuses questions restent sans réponse et beaucoup trop de personnages abandonnés à leur sort laissent d'énormes regrets quant à l'exploitation d'un si bon scénario. Astral Project avait tout d'un grand mais ce ne sera pas ce coup-ci que Marginal nous fera un second Old Boy...