Akata aime le shôjo… et nous aussi !

/ Article - écrit par OuRs256, le 30/06/2014

Je démarre (ou termine, chacun son point de vue) la semaine avec un article un peu spécial puisque je vais tenter une sorte d’aperçu croisé de trois titres parus chez Akata en tant qu’éditeur indépendant (séparé de Delcourt). Les trois s’intègrent parfaitement dans la politique éditoriale d’Akata, l’un par son humour, l’un par son audace et le message qu’il véhicule et l’un par un petit mélange des deux. Avant de parler, place aux résumés des histoires, que l’on sache un peu de quoi on parle.

C’est l’histoire d’un renard… 

Akata aime le shôjo… et nous aussi !
Bienvenue au club
 : Momosato ne rêve que d'une seule chose : vivre une vie de lycéenne normale ! Ce qui signifie, pour elle, filer l'amour parfait avec un de ses camarades. Oui, mais, la pauvre Momosato est victime d'une improbable malédiction : à chaque fois qu'elle s'éprend d'un garçon, ce dernier va, à coup sûr, connaître l'amour... avec une autre fille ?! Aussi, ses camarades de classe la considèrent comme leur petit Cupidon, à son grand damne... C'est bien beau d'être Cupidon malgré soit, et pour les autres, mais Momosato, elle, c'est quand qu'elle connaîtra l'amour ? Son quotidien ne va hélas pas s'arranger quand elle va être approchée par les freaks du lycée : « Club d'étude de la psychologie des jeunes » (ou « Club des désabusés », pour les intimes), dont l'ultime objectif est d'observer (de très loin) les relations amoureuses des jeunes, l'invite officiellement à rejoindre ses rangs !

 

Akata aime le shôjo… et nous aussi !
Daisy - Lycéennes à Fukushima
: Depuis le terrible tsunami qui a frappé Fukushima, Fumi n'ose plus sortir de chez elle. Trop inquiète pour sa santé, à cause des éventuelles radiations émises par la centrale. Pourtant, en dernière année de lycée, il faudra bien qu'elle se décide à retourner en cours. Mais est-il seulement possible de recommencer à vivre et de faire comme si de rien n'était, quand même une simple pluie représente la menace d'une contamination radioactive ? Heureusement, elle pourra compter sur Moé, Ayaka et Mayu, ses trois meilleures amies. Ensemble, elles comptent bien profiter de la vie, et surtout sortir toutes diplômées du lycée ! Elles décident alors de créer un groupe de musique, Daisy, pour se redonner du courage. Mais très vite, la réalité les rattrape et...   

 

Akata aime le shôjo… et nous aussi !
Journal d’une fangirl
: Sakurako est en apparence une lycéenne japonaise on-ne-peut-plus-parfaite. Elle fréquente l'institut privé Seiotaku, réservé aux jeunes filles de la bonne société et en est une élève modèle. Sa mère, quant à elle, est une auteure de romans à l'eau-de-rose à succès. Pourtant, derrière cette apparente pureté, Sakurako cache un « terrible » secret : elle est fan invétérée de mangas boy's love !! Mais pour ne pas ternir sa réputation, et surtout celle de sa mère, elle doit impérativement cacher sa passion pour ce genre de mangas, que de nombreuses personnes considèrent comme de la sous-littérature... Mais à force de fantasmer sur les deux beaux-gosses qu'elle croise tous les matins dans le train, Sakurako va être prise au piège : les deux adolescents la remarquent et l'obligent alors à accepter un drôle de travail... Quel est ce travail ? Qui sont ces deux adolescents ? Sakurako sera-t-elle capable de travailler (sans trop fantasmer) aux côtés de ces deux mystérieux individus ? Mais surtout, elle, la fan de boy's love, va-t-elle enfin connaître l'amour ?

 

Humour et sentiments.

Les shôjo choisis par Akata peuvent être divisés en deux catégories : ceux qui font la part belle à un humour toujours bien senti et ceux qui explorent l’expression des sentiments humains. Parlons d’abord de Bienvenue au club (BaC) et Journal d’une fangirl (JdF) car ces deux-là entrent dans la première catégorie. Que ce soit les déboires amoureux de Momosato (BaC) ou la façade mise en place par Sakurako (JdF) pour cacher sa véritable nature de fujoshi (jeune fille fan de yaoi), on retrouve une ironie assez prononcée et une propension au gag qui ne laissent pas le lecteur insensible. 

 

Un humour toujours léger donc et qui peut servir des buts différents. Les différentes situations pittoresques dans lesquelles se trouvent Momosato  (BaC) permettent à la jeune fille de laisser un peu de côté sa détresse face à une conception de l’amour qu’elle ne parvient pas à expérimenter. D’ailleurs, aucune autre fille de la classe ne la considère comme sa rivale quand il s’agit de s’attirer les faveurs du sexe opposé. Au contraire, les autres filles vont presque lui demander de tomber amoureuse du garçon qui les intéresse afin de pouvoir l’attirer dans leur filets ! Sakurako (JdF), de son côté, est un peu utilisée comme un sujet d’expérimentation par ses deux employeurs et ces derniers ne vont pas se gêner pour lui faire ressentir des choses toujours plus tordues pour servir leurs desseins. C’est l’embarras de la jeune fille vis à vis des actions des deux mangaka qu’elle soutient mais aussi de sa mère qui va créer l’effet comique dans Journal d’une fangirl. Cependant, l’auteure ne va pas s’arrêter là et ajouter une composante dramatique à son titre en poussant le détail dans l’expression des sentiments de la jeune fille. Sanae Uno dépeint une variété de sentiments mais aussi de sensations complexes : Que ce soit l’admiration de Sakurako admiration envers les deux garçons ou encore aussi son amour pour sa mère et sa volonté de ne pas la décevoir tout en passant par une nécessité de ne pas trahir son rang,  il y a vraiment de quoi attirer pas mal de lecteurs. Ainsi, ceux qui sont plus intéressés par la deuxième catégorie ne seront pas non plus déçus par Journal d’une fangirl qui réussit habilement à combiner les deux styles. 

 

Le troisième titre dont je n’ai encore pas parlé se classe aussi dans cette deuxième catégorie. Daisy - Lycéennes à Fukushima est un peu le porte-étendard de cette génération de shôjo qui se veulent plus adulte. Une fois que l’on a lu l’oeuvre, il est difficile de ne pas lui attribuer un grand nombre de qualités qui relèvent plus du jôsei. Ce qui compte pour Reiko Momochi, c’est de partager la douleur de ces lycéennes dont les vies ont été complètement bouleversées par un événement indépendant de leur volonté, quelque chose que personne n’aurait vraiment pu prévoir. Alors que « 9.11 » est une expression qui est devenue courante pour symboliser l’horreur aux Etats-Unis, au Japon, c’est le « 3.11 » qui remplit ce rôle car l’incident qui s’est produit à Fukushima a véritablement bouleversé le pays (dans tous les sens du terme). Daisy ne parle pas de l’événement à proprement parler mais plutôt de ses conséquences, de ses répercussions dans la vie quotidienne mais aussi dans l’inconscient des japonais. Momochi nous dresse un tableau très sombre au départ mais où l’espoir trouve peu à peu sa place au fil du temps. Pour elle, le salut ne viendra pas des autres mais des habitants de la ville et de leur capacité à se réinventer. C’est via les actions de ces jeunes femmes en devenir qui tentent de vivre une vie qui leur a été dérobée par une nature impitoyable et une erreur humaine. Le chemin est long, éprouvant mais elles font preuve d’une volonté et d’un courage qui force l’admiration. 

 

Il était une fois...

Akata et le shôjo, c’est une belle histoire d’amour qui n’en finit pas. Même si le triangle amoureux avec Delcourt va se poursuivre encore quelques temps (jusqu’à ce que les séries choisies et lancées par Akata se terminent), l’éditeur nous montre qu’il a vraiment un flair hors du commun pour ce genre de titre. C’est aussi Akata qui sort le plus de shôjo que l’on pourrait qualifier de mixtes puisqu’ils peuvent être lus par un public féminin mais aussi par un public masculin. C’est d’ailleurs le cas de ces trois titres qui peuvent être appréciés sans aucune distinction (j’ai eu un vrai coup de coeur sur Bienvenue au club mais les trois m’ont beaucoup plu). Après avoir lancé des mastodontes comme Nana, Fruit Basket, Switch Girl!! ou des titres un peu moins médiatisés comme No Longer Heroine, Fight Girl, Lovely Complex ou Otomen (cette liste n’est absolument pas exhaustive), on se demande ce qu’il va bien pouvoir trouver pour nous épater dans les années à venir. 

 

C’est tout pour aujourd’hui mais soyez sûrs qu’on vous reparlera de ces trois titres sous peu puisque leurs tomes 2 ne devraient plus tarder. En détail, on vous prépare une jolie critique sur Daisy car son deuxième et dernier tome sortira lors de Japan Expo) mais aussi un petit article sur Bienvenue au club étant donné que Nikki Asada est l’invitée des éditions Akata et enfin Journal d’une fangirl sera remis sur le devant de la scène à l’occasion d’un petit zoom de la semaine lorsque 3 tomes seront sortis.