Delcourt - Wolf won't sleep et Phoenix l'oiseau de feu

/ Critique - écrit par Canette Ultra, le 04/10/2022

Tags :

2 énormes manga en qualité et en nombre de pages

Wolf Won’t Sleep – Intégrale en 3 tomes – 8,5/10


DR.

 

Si vous avez bien lu la ligne du dessus, vous avez vu l’article mais également que la série est complète en 3 volumes. C’est surprenant parfois quand on voit comment certains auteurs ont fait de leur manga des romans fleuves, voir… Oserais-je dire… Des Soap Opera (j’adore les Soap de base mais sur certains manga la durée peut laisser dubitative quant à l’intérêt global). Shien BIS (auteur) Shinkawa GONBE (dessins) vont donc tous donner pour emmener notre héros d’un point A au point B.

C’est ainsi que nous découvrons Lecan, un aventurier vétéran qui, avec l’aide d’un ami aventurier, triomphe d’un boss de donjon. On sait donc que nos héros sont dans un monde de type « jeu de rôle et donjon » comme on en voit beaucoup ces derniers temps dans le manga. Et si souvent, des jeunes gens innocent débarquent ensuite dans un monde donjon, dans Wolf Won’t Sleep, ce n’est pas le cas. En effet, Lecan et son pote sont emportés par un trou dimensionnel dans un autre monde fait de magie et de donjon. Ce léger twist est intéressant car Lecan connaît les bases et ne fait pas de cadeaux mais il va devoir s’adapter un peu aux règles de ce nouveau monde. En vrai… Les règles ne sont pas si différentes sauf que la magie se manipule différemment et que l’on peut se téléporter à des étages de donjon. Mais sinon, ça reste un monde d’heroic fantaisy.

Mais ce qui fait le sel de Wolf Won’t Sleep, c’est toute l’ambiance et Lecan qui est un personnage mâture, calme et réfléchi. Un vrai vétéran qui se montre même poli et désireux d’apprendre. En gros, il a la classe internationale ! Si bien, que l’on a envie de le suivre tout au long de son périple dans ce nouveau monde.

Surtout que les dessins soutiennent bien ce côté classe du héros et le trait mâture des personnages ou les actions qui sont sans fioritures sont très parfaites avec Lecan et ses aventures. Alors, ne pensez pas que les aventures de Lecan sont justes super sérieuses. Il y a des moments drôles ou cocasses mais Lecan est un peu le sel de ses situations avec son air imperturbable. Un peu le Corben Dallas des donjons ! Wolf Won’t Sleep est donc une intégrale qui se dévore comme si l’on avait une faim de loup. Le seul bémol à mon sens vient de la fin qui tombe presque par surprise sur le lecteur. On sent que l’on pourrait avoir tellement plus, que nous pourrions découvrir encore tellement de choses. Mais c’est une façon de souligner que l’aventure, c’est l’aventure et cela montre que ce manga était bien car nous avions encore envie de rester avec Lecan.

 

Phénix l'oiseau de feu – Tome 1 – 9/10


DR.

 

Attention œuvre culte ! En effet, si le manga est ce qu’il est aujourd’hui, c’est notamment grâce à cette œuvre et son auteur Osamu Tezuka. Faire la liste des œuvres cultes de Tezuka serait trop long mais Astro Boy, Le roi Leo ou Black Jack. Tezuka a posé le « style Tezuka », il est homme a avoir lancé des manga et des magazines expérimentaux où il pouvait se lâcher dans des histoires fantastiques. Parmi elles, Phénix l'oiseau de feu qui débarque ici avec 352 pages de manga, d’interview et d’articles pour notre plus grand plaisir.

Ce tome est surtout basé sur les deux gros premiers chapitres de cette œuvre colossale : l’aube des temps et les temps futurs. Les deux histoires sont liées, forcément ! Et même si 30 siècles les séparent, on retrouve le Phoenix mais également des lignées de personnages. Dans le premier morceau, Tezuka nous présente donc sa vision de la naissance du Japon avec au cœur des luttes : l’oiseau de feu dont le sang peut rendre immortel. On a donc Nagi qui après la perte de son beau-frère qui voulait sauver sa femme avec le sang de l’oiseau, voit son île en proie à la guerre car la reine Himiko cherche à rester jeune. Tezuka se base donc sur le Japon du 3ème siècle pour poser son intrigue et semer les graines de son œuvre. C’est notamment le cas avec le général Saruta dont la descendance viendra peupler les récits sur l’oiseau du temps. Nous avons un récit de guerre, de lutte contre le temps mais également des thèmes comme la vengeance et le pardon. Tout cela est très fort et la relation Nagi/Saruta sera au cœur de ses transformations. Le récit, malgré un trait presque cartoon des 60’s, est violent avec des morts à la pelle, des personnages découpés en tranche et compagnie. Mais avec ce côté que certains ont nommé « Tex Avery », Tezuka en profite pour mettre un peu d’humour, se déguiser ici ou là (ou placer des cameos de personnage connus de l’auteur). On ne peut pas dire que l’on s’ennuie et ce premier (gros) morceau est prenant de bout en bout.

La seconde partie, se passe au 35ème siècle où l’humanité est décadente, sans ambition et réduite à 5 super cités souterraines dirigées par des ordinateurs ! Un futur bien « radieux » dans lequel Masato tente de vivre avec l’extra-terrestre Tamami. Mais cela ne plaît pas à l’ordinateur de la cité de Masato et par l’entreprise du rival de Masato (Rock), Tamami doit être tuée. Pour empêcher cela Masato va fuir et après la rencontre avec le professeur Saruta, tout va partir en gros trip « fin du monde X reconstruction X métaphysique » ! Plus le récit passe, plus on découvre une œuvre qui rappelleront des trips connus que nous aurions pu avoir dans l’Incal ou dans d’autres BD du genre. Tezuka nous montre donc une histoire du futur où le temps se réécrie plusieurs fois et donc sur des millions d’années. Au milieu de ce récit cosmique, l’oiseau de feu qui nous parle de conscience cosmique et Masato, qui se retrouve « créateur » des mondes à venir ! Le récit est hypnotisant mais il faut être concentré car Tezuka nous emmène loin avec ce récit. Limace dominante du monde, dessein de l’univers, l’impact de Masato qui devient une divinité aux yeux de certains… Bref, un récit captivant qui tranche globalement avec le récit guerrier plus « classique » que nous avons eu avec l’aube des temps.

Ce premier volume de Phénix l'oiseau de feu est un énorme morceau de manga. Le second récit n’est pas forcément le plus digeste mais il ouvre un monde de possibilités aussi bien pour l’univers dépeint par l’auteur que pour les manga en général. Si l’on replace ce récit et même le précédent dans leur temps, on comprend l’impact que cela a dû avoir. De même, au vu du gros des productions actuelles, on voit que l’auteur pousse l’intrigue et les thèmes dans des directions que nous ne voyons que rarement. Bref, c’est culte !