Mes Voisins les Yamada - le film
Manga / Critique - écrit par juro, le 08/05/2005 (Tags : film takahata voisins yamada isao ghibli animation
On s'engueule, on est pris de fou rire, on l'aime ou on la déteste, quoiqu'il en soit la vie de famille apporte tout un tas d'émotions. Dans la famille Yamada, qualités et défauts sont multipliés exponentiellement. Les scènes de ménage ne se comptent plus, les batailles sont incessantes, les moments de calme n'existent pas. Comment en faire un film drôle et émouvant ? Avec une quantité de saynètes qui joue sur l'extrême richesse du potentiel familial car un jour ou l'autre, nous avons tous été confrontés aux petits désagréments provoqués par l'horrible personne qui vit dans la chambre d'à côté. Après tout, ne dit-on pas que l'enfer c'est les autres ? Le réalisateur Isao Takahata a dû bien connaître pour s'en inspirer aussi bien dans Mes Voisins les Yamada...
Une action trépidante : "Passe-moi le sel !"
Nonoko Yamada est la cadette de sa famille. Sa vie est rythmée au gré des bêtises qu'elle provoque au quotidien au milieu de sa douce famille composée quatre personnalités hors du commun. Entre sa mère tête en l'air, son père bougon, sa malicieuse grand-mère et son grand frère cancre, la cadette des Yamada peut se dire qu'elle fait bien parti de la famille japonaise moyenne. Au quotidien, chacun des acteurs de la famille voit son rôle être tourné en dérision qu'ils en sont ridiculement attachants. Yamada étant le nom japonais le plus répandu au pays du Solei Levant, on comprend mieux la volonté de critiquer la famille locale moyenne.
Les événements se succèdent, les rires aussi. A la fois, critique sociale et comédie drolatique, le réalisateur livre un résultat étonnant, aux antipodes du Tombeau des Lucioles. Sans véritable scénario mais avec beaucoup d'idées, le lot journalier de chacun se révèle bien plus passionnant lorsque les autres s'en mêlent pour venir le compliquer. Et comme les Yamada ne connaissent pas le compromis, les situations s'enveniment rapidement...
Tranches de pain, tranches de vie...
Le style particulier extrêmement simple de Mes Voisins les Yamada propose un chara design fait de hachures et d'aquarelle sur des fonds souvent unicolores et assez pauvres. Le travail de Takahata s'est concentré sur ses personnages, véritables trublions aux multiples facettes sur lesquels se dessinent toutes les expressions : joie, colère, ignorance... Celles-ci sont caricaturées à l'extrême pour rendre, ô combien, les personnages attachants et plein de vie. A travers eux, certaines saynètes sont désormais cultes, notamment l'hilarante bataille pour le contrôle de la télécommande. Mais ce serait trop beau si toutes étaient du même calibre... Certaines sont de qualité assez inégale et restent obscures en grande partie à cause d'une exploitation totale d'un univers totalement nippon pas toujours très compréhensible et quelques gags qui traînent en longueur.
Le cadre quasi exclusif du domicile familial des Yamada est aussi porteur de beaucoup d'émotion ! Les irrésistibles haïkus viennent ponctuer certaines scènes avec un soupçon de philosophie et la longue scène de fin, véritable concentré de toutes les scènes antérieures. A voir les personnages s'animer, tout le monde retrouve une petite part de soi dans l'attitude et les petits travers de chacun. S'identifier revient à les prendre à coeur et l'attachement ne cesse de croître au fil du film, on suit avec bonheur les péripéties du salaryman de père nommé Takashi avec délectation, les coups de gueule de grand-mère Shige, les bêtises de Noboru et les trous de mémoire de la mère. Même les personnages secondaires sont crédibles avec leurs travers.
Tiré du cadre de la bande dessinée, Mes Voisins les Yamada permet à Isao Takahata de s'illustrer dans un genre totalement différent de ses autres oeuvres. Le style graphique a d'ailleurs donné des idées et débouché sur la création des deux OAV concernant la vie au sein de la rédaction du studio et justement nommé Ghiblies. Au final, Mes Voisins les Yamada est un film fort sympathique qui permet de passer un bon moment mais qui ne restera pas dans les oeuvres majeures du studio Ghibli...