7/10Triton

/ Critique - écrit par juro, le 06/08/2007
Notre verdict : 7/10 - Water proof (Fiche technique)

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Une bataille sous la mer se révélant comme une véritable épopée. Un grand Tezuka de plus à se mettre sous la dent....

Tel Ulysse (31 ou pas), Triton livre lui aussi une lutte épique à l’ennemi éternel de sa famille, Poséidon dans un manga éponyme. Le monde marin se trouve à l’honneur dans cette nouvelle œuvre courte d’Osamu Tezuka. Le maître en la matière crée une fois de plus un manga traversant les années sans prendre une ride. Une autre odyssée, voire une Iliade…

Fils de la mer

Un soir, Kazuya Yazaki trouve un bébé et le ramène chez lui. Mais ceci va entraîner sa famille dans une étrange affaire... Qui est ce mystérieux Triton, qui développe des pouvoirs surhumains à mesure qu'il grandit ? Et qu'est-ce que le clan Poséidon ?

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Triton (c) Soleil
Osamu Tezuka s’inspire des aventures d’Ulysse pour nous proposer un Triton riche en rebondissements. Se parant de toutes les armes d’un shônen traditionnel, dans la grande lignée de ces œuvres phares, le mangaka propose une histoire en trois volumes pour une guerre impitoyable sous les flots. Le destin d’un jeune orphelin recueilli par des humains va basculer le jour où il prendra conscience de sa capacité à nager comme un poisson. Comme une quête initiatique assez commune en elle-même, Triton retrace l’évolution d’un être hors du commun dans le monde humain – recette largement utilisé par Tezuka dans d’autres œuvres – pour dériver vers un développement bien plus complexe. Les ingrédients prennent une saveur particulière autour de cette guerre fratricide entre les peuplades marines : le personnage se retrouve pris entre son éducation humaine bonne et son instinct guerrier face aux sbires de l’ignoble Poséidon, roi de terreur. Ce héros si bon au premier abord évolue à l’inverse des personnages communs de shônen, rajoutant un charme certain à la lecture. Une part de l’humanisme maintes fois citée de Tezuka se retrouve au centre de son récit.

Le chant des sirènes

C’était presque une évidence mais Tezuka prend tous les éléments marins pour illustrer son récit : gags, jeux de mots, références aux légendes et développement de son univers. Tout tourne autour de la grande bleue et son environnement. Les rares humains du manga ne sont que des personnages secondaires de cette guerre invisible. Les dauphins affrontent les requins, chaque camp est prêt à se battre à mort pour des idées pas très claires, chose que Tezuka a bien du mal à développer. Le manichéisme n’est pas à l’ordre du jour, les aventures de Triton se révélant particulièrement sanglantes et riches en rebondissements.

Le trait du mangaka se place directement dans la suite logique de ces œuvres shônen aux caractéristiques assez visibles avec des personnages élancés mais avec des formes arrondies et douces pour les visages des bons… et tout l’inverse pour les autres. Le monde marin est exploré en profondeur sous l’encre (de poulpe) du maître et les représentations n’en sont que plus surprenantes. Ce n’est pas la première fois que Tezuka s’attaque aux animaux (Le Roi Léo, Demain les Oiseaux) et c’est une nouvelle réussite…

Triton se montre comme une nouvelle œuvre à déguster du maître. Riche en rebondissements, particulièrement réussie pour ces thèmes et son environnement marin, le manga s’adresse autant aux plus jeunes (s’ils veulent lâcher leur Naruto) ou aux moins jeunes (connaissant Black Jack par exemple). Et au final, on a droit à une aventure dans le plus pur style de l’époque tout à fait prenante sans être indispensable.