6/10Toyuki

/ Critique - écrit par juro, le 17/01/2007
Notre verdict : 6/10 - Taïaut qui ? (Fiche technique)

Tags : toyuki manga tome sakai jeux nanterre entreprise

« Nous avons besoin d'un shônen rapidement pour combler la case vide qui reste dans notre magazine de prépublication ! Laissez-moi faire ! Pourquoi ne pas demander à réexploiter le thème de la légende du roi singe sous la forme d'une comédie ? Bon, je sais, les lecteurs commencent à en être bassinés avec la demi-douzaine de manga du genre comme Dragon Ball, Saiyuki, Patariro ou l'exécrable Saiyukiden... Mais après tout, pourquoi pas ? »
Allons bon. Allons loin. Allons sur les traces d'un rêve de gamin à la force monstrueuse dans Toyuki, une sorte de sous One Piece réalisé par Yohei Sakai.

Au bout de son rêve

On dit qu'en suivant la périlleuse route de Sinolek, on arrive dans un lieu où tous les rêves se réalisent. C'est pour concrétiser le sien qu'Ichizo, un petit bonhomme de dix ans affublé d'un chapeau et d'un grand bâton, part à l'aventure. Mais sur sa route, il devra croiser le fer avec des démons dévoreurs de rêve. Le sien sera-t-il assez grand pour leur résister ?

Ne faisons pas de détail. Shônen de base est le terme à employer pour Toyuki qui ne se cache pas de faire valoir les grosses ficelles du genre à travers son aventure convenue et ses gags somme tout drôle mais répétés à l'extrême. Autrement dit, le manga n'attire pas par son originalité assez quelconque et proposant une histoire du même acabit. Difficile de se passionner pour un héros qui manque de charisme et de style, singularité affublé par l'auteur lui-même. Celui qui possède tous les atouts du bon petit gars dans un costume trop grand pour lui et avec autant de jugeote qu'un crapaud voulant manger un buffle. Mais la grenouille se trouvant être en fait un crapaud buffle avec une force insoupçonnée, les ennemis tombent sur un redoutable combattant mais toujours aussi peu... charismatique. Plan de dernière minute efficace, super pouvoirs, progression suivant une quête initiatique simple et voilà, l'affaire est pliée. Ichizo : 1 - les ennemis : 0. Accompagné de quelques frères d'armes croisé sur sa route, l'aventure progresse vite, très vite. Tellement vite qu'à la moitié du manga, on sent le baclage se profiler sans coup férir au quatrième volume.

La légende du roi singe re-re-revisité

Pour le fond, la légende du roi singe est encore utilisée sous le couvert de la comédie. Il n'y a pas à crier au loup, Toyuki remplit sa tâche mais le dénouement final promet d'être abrupt pour une aventure qui promettait de s'étaler sur un plus grand nombre de volumes. Pour autant, l'intrigue avance sans temps mort, évoluant rapidement vers un objectif bien défini, bille en tête. Mais le trop peu de surprises égayant le manga crée une insuffisance, on sent comme un manque à combler, sans doute du à une narration trop axée sur la volonté d'enchaîner les combats. D'où un scénario en fil rouge extrêmement peu développé pour se concentrer sur des scénario faisant progresser les héros vers leur but. Basique mais efficace.

Côté dessin, on sent une grande inspiration de Sakai pour le trait d'Eichiro Oda... mais en moins bien. Si le personnage principal souffre d'une grave déformation crânienne sous la plume du mangaka, le reste varie entre grotesque et convenable mais bien malheureusement ce sont les personnages apparaissant sporadiquement qui se montrent les plus réussis. Plutôt étonnant pour une série qui voulait se prolonger, ce qui est certainement du (en partie) à son manque de succès sur l'archipel. Le reste prend aussi les allures de l'oeuvre principale d'Oda avec une remplissage de bonne facture, des scènes d'action plutôt bien menées et un découpage dynamique.

Dans la même veine que Ka-kong en moins pipi-caca, ce Toyuki saura satisfaire les très jeunes lecteurs. Les autres éviteront ce chemin convenu, n'apportant qu'une maigre dose de rires dans une aventure sans relief particulier.