4/10Tokyo Tribe 2 - le manga

/ Critique - écrit par Kei, le 20/04/2007
Notre verdict : 4/10 - Gangs of Tokyo (Fiche technique)

Tags : tokyo tribe manga glenat inoue santa tome

Tout le monde connaît les petits stickers "vu à la télé" qui ont fleuri un peu partout dans les magasins il y a quelques années, et qui ont tendance à disparaître. Et bien ce n'est pas un de ces stickers qui trône sur mon exemplaire de Tokyo Tribe 2, mais un sticker "Approuvé par Mangas, la chaîne de vos héros préférés". Le concept est nouveau, à croire que maintenant, une chaîne de télé qui diffuse presque uniquement le catalogue (déjà bien rentabilisé) d'anime de AB est une bonne référence en matière de manga...

Tokyo Tribe 2
Tokyo Tribe 2
Dire que l'ensemble s'annonçait mal à la seule vue de cet autocollant aurait été un peu violent et réducteur. Et pourtant, c'est vrai ! Car sous la pastille on découvre une couverture plutôt... laide. Problèmes de perspective, visages fort peu typés asiatiques, absence de détails qui saute aux yeux et aplats de couleurs fades sont de la partie. Une entrée en la matière un peu faible, mais le chroniqueur avisé ne juge pas un livre à sa couverture, et espère que ce style alternatif réserve de bonnes surprises dans le manga. Et il espère en vain dans ce cas précis, mais nous y reviendrons un peu plus tard.

Tokyo Tribe 2 (pourquoi 2 d'ailleurs ?) narre la vie dans un Tokyo en tout point semblable à celui qui nous est décrit ici et là dans les mangas, où des bandes se font la guerre. Mais là où ce manga diffère des choses comme Sanctuary, c'est qu'ici, tout le monde est âgé de moins de 20 ans, et que les seules personnes plus agées sont des hommes de mains, sans responsabilité, des subalternes à la vie terne.
Parmi ces tribus, on trouve les SARU, dont le chef semble avoir eu une liaison plus complexe que la simple rivalité avec son homologue des WU-RONZ.

Passons rapidement sur l'histoire, à la fois banale et beaucoup trop tirée par les cheveux. On voit mal qui peut croire à cette histoire de jeunes à peine pubères qui font régner la terreur (ou pas) dans les rues de Tokyo. Sans compter que le concept du gang tout blanc (une bande de potes qui ne fait rien de mal) qui affronte le gang tout noir (des gros méchants qui tuent, pillent, violent et vendent de la drogue) est assez difficile à avaler. Non vraiment, ce qu'on retiendra de ce manga, ce n'est pas son histoire, bien que celle-ci soit parfois assez comique (bien qu'involontairement). Ce que l'on retiendra surtout, ce sont les dessins et les dialogues.

Les dessins, nous les avons déjà évoqué, et nous en reparlerons à la fin (toujours le meilleur pour la fin). Les dialogues se font remarquer de la même manière que les graphismes : par leur potentiel nanar. Personne ne s'étonnera de voir tous ces personnages arpentant les rues de la capitale japonaise en arborant fièrement des pantalons de jogging, des doudounes et des T-Shirt XXXXL s'exprimer dans un français fort poli, à peine vulgaire. Quoi de plus normal en fait ? Ce sont tous des amis, de vieilles connaissances ! L'occupation des héros et leur look évoquent un langage beaucoup plus fleuri. En lieu et place, on a droit à du registre familier, sans plus. On est loin du registre soutenu qui fait la grandeur et la puissance de certains yakuzas, ou de la violence qui peut se dégager de mots très classiques mais lourds de sous-entendus. On stagne dans un niveau très bon enfant, très politiquement correct.

Mais ces dialogues étiolés n'arrivent pas à la cheville des dessins, qui sont pour le moins originaux. Les travers repérés sur la couverture sont présents tout au long du volume. La pauvreté du style, le peu de détails, le peu de maîtrise de la perspective, tous ces aspects passent au second plan lorsque l'on s'intéresse aux personnages. Les nez sont épatés, les cheveux crépus ou rasé, les coupes affros sont de la partie. Ajoutez à cela le style vestimentaire et vous aurez la parfaite description d'un manga se déroulant non pas à Tokyo, mais dans n'importe quel quartier chaud des Etats-Unis (avec un bonne couche de clichés bien entendu). La pilule est dure à avaler.

La somme de toutes ces maladresses amène ce manga au niveau d'une mauvaise fan fiction. Et pourtant, il semble avoir eu un succès certain au Japon. Le pays du Soleil Levant nous réserve décidément encore bien des surprises.