Step Up Love Story - le manga
Manga / Critique - écrit par Djak, le 03/05/2004 (Tags : love story step manga katsu aki tome
Un pseudo guide sexuel version manga. Raccoleur mais divertissant un temps.
Le Kama-Sutra japonais
Makoto et Yura se sont connus grâce à une agence de rencontres et se sont mariés huit mois après. Agés de 25 ans, ils sont restés vierges tous les deux. Totalement inexpérimentés l'un et l'autre, ils découvrent ensemble les joies, les tracas et les aléas du sexe...
Step up love Story (c) PikaStep Up Love Story (SULS) est le premier manga ouvrant réellement la collection PIKA pour adulte: Sempaï Pika. Si l'on en croit les dires de l'auteur, Katsu Aki, SULS n'est pas un manga érotique habituel. D'après lui, ce serait "une réflexion sur l''érotisme". Pourtant après lecture et relecture, j'ai beau chercher, je ne vois dans cette série qu'une histoire érotique. Il suffit d'ouvrir le manga au hasard pour s'en rendre compte. Rares sont les pages sans femmes dénudées.
Certes, Katsu Aki appuie son manga de statistiques et de schémas explicatifs, mais derrière ce prétexte de guide initiatique se cache tout bonnement un manga hentaï. Personnellement, je ne suis pas contre voir de temps en temps des filles nues et des scènes érotiques. Surtout que pour une fois on a le droit à une histoire à peu près crédible. Je dis bien "à peu près".
Step up love Story (c) PikaEn fait, le problème est plus complexe et d'ailleurs malheureusement plus d'actualité. L'auteur mais aussi l'éditeur PIKA présentent donc Step Up Love Story comme un guide d'initiation à l'amour. Or, c'est dans cette présentation que le problème réside. En effet, la série de Katsu Aki représente tout sauf un guide d'initiation. Si les jeunes lecteurs lisant cet ouvrage prennent comme exemple les protagonistes du manga, je ne donne pas deux jours à leur relation avec leur conjoint/conjointe. Katsu Aki présente ces deux héros novices comme des modèles à suivre pour ceux qui veulent découvrir l'amour et les plaisirs du sexe. Mais avec des exemples comme ça, le divorce est vite engagé.
Prenons par exemple le cas de Makoto, le héros. Jeune amoureux, désireux de faire plaisir à sa femme, Makoto est éjaculateur précoce. Malgré les efforts du mangaka pour nous montrer son héros sous un aspect amical, on ne peut éprouver que de l'antipathie devant une telle personne. Makoto est un mufle, pervers, son cerveau est localisé en permanence sous sa ceinture. Pour autant, Yura l'héroïne n'a pas grand chose à lui envier. Katsu Aki présente Yura comme sensible, douce et généreuse. Dans la pratique, elle passe plus pour une femme cruche et docile aimant jouer le rôle de parfaite esclave pour son mari. Les personnages secondaires sont eux aussi tous stéréotypés. La soeur de Yura, très libre, censée représenter une femme active, ressemble plus à une libertine, nymphomane qui n'hésite pas à draguer son beau frère et à lui faire des propositions licencieuses. Enfin, le frère de Makoto est censé jouer le rôle de conseiller, a toutes les caractéristiques de l'acteur porno, un Rocco bis.
Step up love Story (c) PikaMa crainte est donc dans ces clichés. En effet, tous ces personnages auraient facilement une place dans un film X, d'ailleurs on a presque l'impression qu'ils sortent d'un film X. On pourrait même sans trop de difficultés imaginer quel acteur pourrait jouer quel personnage. Je verrais bien par exemple Clara Morgane dans le rôle de Yura.
Step Up Love Story est donc une grande déception. A première lecture on peut trouver intéressante l'idée d'un guide mais quand on voit comment elle est traitée et mise en image, on a rapidement des doutes sur la sincérité des propos de l'auteur. Cette idée ne servant en fait que de simple excuse pour mettre en scène des histoires érotiques. En outre, ce manga véhicule de mauvaises notions sur la vie de couple et la sexualité. On peut s'inquiéter de l'impact qu'il peut avoir sur un lectorat adolescent de 15-16 ans, principale cible de cette série.
Enfin, la série comportant plus de 23 volumes, on peut se demander comment va évoluer l'histoire. Car à ce rythme-là, à n'en pas douter, Makoto et Yura vont finir leur vie épanouis en tant qu'acteurs pornos.
Notons tout de même un point positif à mettre au compte de PIKA qui a eu la bonne idée de chercher les équivalences françaises aux statistiques japonnaises. En revanche, mettre le manga sous plastique dans les rayons serait une bonne initiative vu le contenu, car je ne pense pas que le petit logo "interdit -15 ans" soit dissuasif.