Snow Illusion - Komikku vient rafraichir votre (insérez saison de lecture ici)

/ Critique - écrit par OuRs256, le 19/02/2015

Si les mois de janvier et février n’ont pas été assez frais pour vous, les éditions komikku ont sorti un oneshot aussi joli que froid. Retour sur Snow Illusion d’Icori Ando.

Snow Illusion - Komikku vient rafraichir votre (insérez saison de lecture ici)

Le jôsei est un genre encore trop rare chez nous et rares sont les éditeurs qui prennent le risque d’en sortir. Komikku tente le coup avec Snow Illusion, un titre d’une auteure encore inconnue chez nous. Elle nous narre les voyages de Yuki, une femme aux origines troubles et qui tente tout simplement de trouver le bonheur. Pour ce faire, elle se déplace aux quatre coins du Japon et disparaît toujours lors d’un jour de neige alors que son couple se dégrade. Avec ce petit résumé, vous avez la substantifique moelle du titre soit la base de son histoire. C’est ce schéma narratif qui fait l’ossature du titre mais on peut voir ses ramifications l’amener bien plus loin. 

Pour commencer, l’histoire de Yuki est une réécriture libre de la légende de la femme des glaces ou yuki onna, un yôkai bien connu des Japonais (il y en a une dans Rosario + Vampire, Secret Service Maison de Ayakashi ou dans une moindre mesure dans One Piece, Inuyasha et même Détective Conan). Pour ceux qui ne la connaissent pas bien, c’est une sorte de personnification de l’hiver. Elle est souvent décrite comme un personnage malfaisant qui aspire l’énergie vitale de ses victimes en les séduisant, les laissant congelés, une expression amoureuse sur le visage. Il y a aussi certaines légendes qui la décrivent comme un guide de montagne et même si ça reste assez mineur, on sent une volonté d’humaniser un peu plus le montre que l’on connaît. C’est un peu le cas ici avec Yuki. La jeune femme n’est aucunement menaçante ou même dangereuse. Elle apparaît comme une jeune femme tout ce qu’il y a de plus normal, une jeune femme qui tente de faire sa vie, d’aimer mais surtout de se faire aimer. C’est ce qui est le plus difficile pour elle. 

Ses relations amoureuses semblent toujours fonctionner correctement jusqu’à ce qu’un élément vienne gâcher son bonheur : un danger, une tromperie… elle n’est jamais à l’abri de rien.  Pourquoi ? Selon Icori Ando, c’est un peu sa malédiction. Où qu’elle aille, quoi qu’elle fasse, le froid qui la constitue fait qu’elle ne pourra jamais être heureuse. Elle ne parvient jamais à profiter de chaleur humaine pour réchauffer son coeur (ou même son corps quand on voit certaines de ses réactions) et elle finit toujours par décharger sa douleur dans une séquence neigeuse dans lesquels les amants abandonnés peuvent se laisser aller à la nostalgie. 

Non vraiment, Snow Illusion, c’est définitivement du très bon jôsei comme on aimerait en voir un peu plus souvent chez les libraires. Je n’ai pas parlé du dessin mais il est parfaitement en adéquation avec le thème abordé avec une utilisation du vide et du blanc particulièrement judicieuse. Du titre d’Icori Ando se dégage une certaine tristesse, symbole de l’éternelle recherche du partenaire idéal. Pour Yuki, la difficulté réside dans la difficulté à créer de la chaleur mais aussi sa difficulté à communiquer sur ce qu’elle est. Le problème est peut-être là, dans l’identité et dans les peines qu’éprouvent la plupart des gens pour s’assumer.