Sentaï School, l'école des héros
Manga / Critique - écrit par juro, le 28/03/2006 (Tags : school sentai heros ecole cardona philippe manga
Qui a eu la riche idée d'adapter le manga à la sauce française avec un style japonais et des références universelles au monde des super héros de la bande dessinée ? C'est Sentaï School, l'école des héros ! Publié dans le magazine Coyote puis chez Semic, Sentaï School parait désormais chez Kami. Le jeune éditeur s'assure ainsi une série qui plaisait déjà aux fans par son côté burlesque et parodique. Sans être totalement novateur, l'univers des super héros étant réduit à celui de la vie scolaire donne quelques sourires devant l'intégration de références nippones, étasuniennes ou européennes du monde de la BD, du jeu vidéo ou de l'anime. Et pour découvrir ce petit monde absurde, il faudra suivre cinq futurs héros sans peur ni sans reproches... ou presque.
Comment faire pour devenir un super héros ?
Sentaï SchoolLa réputation de la Sentaï School n'est plus à faire. Les apprentis héros s'y rendent par dizaine pour suivre les fameux enseignements des plus éminents spécialistes en la matière. Parmi eux, le destin de cinq élèves irrémédiablement liés par les histoires de galère scolaire et de la vie quotidienne est au centre des débats. Cinq portraits totalement différents et inédits qui espèrent bien faire leur trou pour devenir des sauveurs du monde attitrés. Ken, Hongo, Toâ, Keiji et Duke lèveront l'étendard de la justice aveugle en éborgnant au passage les scénarios tombant dans l'absurde le plus drolatique. Mais les méchants ne sont jamais bien loin et eux-mêmes pour relever un combat qui s'avère indécis : qui sera le plus chtarbé ?
L'idée de départ est simple : planter des super héros au rabais dans le contexte récurrent d'une école japonaise. Pas foncièrement original puisque déjà imaginé à de nombreuses reprises dans la BD franco-belge ou étasunienne. Ajoutez y une dose d'humour faite de gags récurrents (Matt Ban alter ego « parapluiesque » de Batman, les jeux de sons Toâ/Toi), de situations tirées des grandes lignes du comics (enlèvement, poursuites...) et de clins d'oeil fait à l'intégralité de la bande dessinée. Sentaï School offre un paysage varié qui met en avant la culture essentiellement manga des du couple d'auteurs. Les histoires courtes s'enchaînent dans le premier volume avant qu'un scénario sommaire ne soit développé à partir du troisième tome. Le tout rempli de gags pour une parution française au ton shônen plutôt réussi. Même si les défauts ne sont pas exempts, l'oeuvre fait passer un petit moment de détente.
L'école des zéros
Les références sont multiples, collent bien à l'exemple (Harlock professeur de ténébritude est excellentissime, Cobra en rebelle manipulable) et sont un petit délice à goûter sans s'arrêter. Le lecteur averti comme débutant y trouvera son compte. Cependant, le scénario manque de profondeur, certains gags récurrents peuvent lasser, on passe du déjà vu au « sur-vu ». Toutes les références n'y suffisent pas, les pages défilent et Sentaï School ne va pas plus loin que le divertissement sans prise de tête. La parodie est complète mais sans véritable créativité à l'exception de quelques personnages de second plan intéressant (Matt Ban toujours en tête).
Le dessin est très typé shônen avec des rondeurs et une touche à l'ordinateur non négligeable. Plutôt de bonne de qualité, on prend plaisir à feuilleter les tomes durant lesquels les personnages ont autant le classe que la honte. La force du trait est de passer sans complaisance du shônen au shojô, voire au seinen, exploitant les divers thèmes du manga : action, amour, non sens total...
Au final, Sentaî School se révèle une lecturette divertissante pour tous. Les lins d'oeil bien sentis contribuent à donner une touche sympathique à la parution de Kami, d'autant plus que l'édition en grand format et l'impression de qualité donnent beaucoup de plaisir à la lecture. Une bonne acquisition de l'éditeur qui lance lui aussi des parutions françaises estampillées manga avec un succès à démontrer. Les héros devront convaincre !
Juro, diplômé en Suppamanologie.