Mermaid Forest - la série
Manga / Critique - écrit par weirdkorn, le 04/01/2006 (Tags : mermaid manga forest sirene yuta takahashi mana
On connaît principalement Rumiko Takahashi pour ses oeuvres comiques et sentimentales (Lamu, Maison Ikkoku, Ranma ½) qui ont été de grands succès populaires. A côté de ces oeuvres pour adolescents, la mangaka sait aussi se faire plus grave et écrire des mangas sérieux. Mermaid Forest en est certainement le meilleur exemple puisqu'elle adapte des sujets qu'elle affectionne, comme les mythes et légendes japonais, mais cette fois-ci sur un ton adulte. Toutefois nous ne parlerons pas de manga trop peu connu mais de sa version animée que Kaze a eu la bonne idée de sortir.
Mermaid Forest tourne autour du concept de l'immortalité, état qui se manifeste après l'absorption de chair de sirène qui est un véritable vecteur de vie éternelle ou à l'inverse un effroyable poison dans la majorité des cas. Yuta est unique : âgé d'une vingtaine d'années, il a goûté à cet mets pas comme les autres et le voilà aujourd'hui à environ 500 ans dans le Japon contemporain. Il n'a jamais rencontré quelqu'un comme lui et vit son immortalité comme un fardeau, recherchant désespérément une sirène qui connaitrait le secret pour le faire vieillir comme les autres. Lors d'une de ses quêtes, il rencontre Mana, une autre immortelle qu'il sauvera d'un sombre destin et qui l'accompagnera dans ses futures aventures.
L'anime tranche considérablement avec les autres oeuvres de la mangaka sur le plan du scénario puisque l'heure n'est pas au comique mais au tragique. Tournée davantage sur la psychologie des personnages et les drames humains que sur l'action, Mermaid Forest apparaît dès lors comme une série fantastique assez sombre. Il faut dès lors porter une attention particulière aux personnages principaux, ce que fait Takahashi pour Yuta, lui donnant un fond qui permet de comprendre chacune de ses réactions. Le jeune homme s'approchant des 500 ans, on le verra ainsi dans des histoires survenues à différentes époques qui apportent un charme historique et de l'originalité à une histoire ancrée dans le présent et pourtant surnaturelle. En effet, Rumiko Takahashi trouve là un formidable sujet pour représenter les mythes japonais, celle de la sirène en particulier. On est loin de la version occidentale puisque ces créatures sont démoniaques et monstrueuses, tout comme les humains ayant mangé leur chair. L'anime offre alors son lot de monstres hideux et de gore. Oui, cette oeuvre n'est assurément pas pour le public habituel de l'auteur (quoique Inu Yasha s'en rapproche). On regrettera juste la répétitivité des histoires, où l'on rencontre toujours une famille qui possède des restes de sirène qu'elle utilise à mauvais escient, et le fait que Mana soit atteinte par le syndrome Kim Bauer (je me promène et je tombe inévitablement sur des psychopathes).
On retrouve avec plaisir le style graphique de Rumiko Takahashi, Yuta ayant d'ailleurs un faux air de Ryoga, bien mis en avant par une animation soignée. Les dessinateurs ont fait un effort au niveau des détails historiques et des couleurs pour rendre l'anime encore plus attractive, en particulier sur le onzième épisode. On est à chaque fois transporté dans un univers différent et toujours inquiétant. Les tons sombres, parfois très contrastés par un blanc angélique, et la musique angoissante viennent renforcer cet effet. Le doublage est de qualité, uniquement disponible en japonais, et on a juste le droit aux sous-titres français et néerlandais qui ne sont d'ailleurs pas exempts de fautes d'orthographe. Les bonus sont sommaires avec les habituelles bandes-annonces de l'éditeur et une galerie de dessins.
La version anime de Mermaid Forest fait honneur au manga de Rumiko Takahashi puisque l'animation est les graphismes sont de qualité, bien aidés par un scénario travaillé. Les fans des oeuvres les plus connues de la mangaka devraient trouver là un nouveau terrain de jeu, certes moins comique mais tout aussi prenant. Pour faire une petite virée dans les recoins obscurs du cerveau de la mangaka, c'est par là.