La Mélodie de Jenny
Manga / Critique - écrit par OuRs256, le 29/08/2013 (Tags : hojo tsukasa guerre panini jenny city manga
Âgé d’à peine seize ans, Junpei Shirakawa rejoint l’école militaire pour devenir un aussi bon pilote de chasse que son frère aîné. Mais nous sommes en 1943 au Japon et, au grand désespoir des siens, l’adolescent reçoit l’ordre d’intégrer une unité kamikaze… Nagano, 1945. Quelques jours avant la fin des hostilités, quatre enfants s’échappent du centre où ils ont été placés, loin de Tokyo, pour les protéger des bombardements. Au beau milieu des champs de bataille, leur chemin croise celui d’un prisonnier américain en fuite… 1935. Un joueur de base-ball membre de l’équipe nationale japonaise en tournée aux États-Unis rêve d’une carrière professionnelle sur le continent américain. Malheureusement, le conflit approche à grands pas… Trois moments où le destin se noue, trois histoires simples et touchantes de vies emportées dans le maelström de la Seconde Guerre mondiale.
Après un premier passage chez Tonkam il y a quelques années, les histoires courtes de Tsukasa Hojo reviennent chez Ki-oon dans un nouveau format où on nous promettait des pages couleurs mais... manque de pot, il n'y en a pas ! Bon, ce n'est qu'un détail et compte tenu des histoires de qualité qui se trouvent dans l'album, on ne s'en rend pas particulièrement compte. On savait qu'Hojo était bon conteur mais on le connaît surtout pour son humour et ses femmes exceptionnelles dans les séries comme City Hunter et Cat's Eyes. On découvre donc une nouvelle facette de l'auteur dans des histoires qui frisent la mélancolie. Les héros qu'il met en scène dans chacune des trois nouvelles qui composent ce one shot ont tous un destin tragique et même si Hojo nous prépare à leur départ, on ressent un petit pincement au coeur lorsque ça arrive.
Ce sentiment est renforcé par la manière brutale dont il termine chaque nouvelle. Il passe la plupart de ses cases à développer au maximum le personnage principal pour que l'on s'attache à lui. On le voit évoluer, ressentir la peur mais aussi l'excitation dans le danger par moments. Le problème, c'est qu'on sait qu'à tout moment, il peut partir. En faisant cela, Hojo joue sur le côté poétique de l'éphémère puisque plus une chose est furtive, plus elle semble avoir de la valeur. Ici, ce qui est éphémère, c'est la vie de tous ces Japonais qui ont été pris sans vraiment le vouloir dans la spirale de la guerre.
L'un des éléments récurrents des productions japonaises parlant de la seconde guerre mondiale, c'est le chasseur Zéro (on peut citer juste pour la forme l'excellent manga Zéro pour l'éternité chez Akata ou encore l'animé Zero no Tsukaima). La Mélodie de Jenny n'échappe pas à la règle et même Hojo chouchoute le fameux coucou. Cependant, j'ai noté un enthousiasme un peu moins fort de sa part pour le côté "C'est une machine qui apportera la félicité pour le Japon" du côté de Hojo. On a une jolie référence, un dessin superbe mais pas trop de louanges, peut-être est-ce la façon de l'auteur de donner son avis sur la guerre.
Avec la tendresse qui lui est propre et que l'on avait déjà pu voir dans Family Compo, Tsuksa Hojo nous propose une oeuvre sensible, efficace et mélancolique au possible. Sur fond de guerre, il nous présente des personnages attachants et que l'on aurait préféré voir dans d'autres circonstances peut-être... Ki-oon va faire des heureux en rééditant ces petits bijoux du maître, sachant qu'ils étaient tous devenus introuvables dans le commerce de toutes façons. Le label Les Trésors de Tsukasa Hojo est particulièrement bien trouvé et si tous les autres titres sont de la même qualité, il faudra peut-être même envisager un coffret.