Japan Expo 2012 - La culture du Japon: littérature, musique et danse

/ Article - écrit par Mimi0524, le 07/08/2012

Tags : expo japan musique japon paris culture japonaise

Le jeudi 5 juillet, j’ai assisté à trois évènements sur la scène culturelle : un spectacle de Rakugo, la célébration des 1300 ans du Kojiki et une démonstration de Taiko.

 

Un spectacle littéraire, le rakugo :

La Compagnie de Balabolka venait pour la seconde fois à la Japan Expo pour une démonstration de rakugo.

Comment se présente un spectacle de rakugo ? Un conteur (le rakugoka) est assis sur la scène et n’a recours qu’à deux accessoires : un éventail en papier (sensu) et une serviette en tissu (tenugui). Sans se lever de la position à genou (seiza), il nous raconte une histoire populaire et humoristique qui date de plusieurs siècles. C’est durant l’ère Meiji que les textes de rakugo sont collectés et créés. L’histoire inclut le dialogue de différents personnages que l’on peut distinguer par l’intonation, une légère rotation de la tête et par les gestes.

Stéphane Ferrandez, conteur et initié au rakugo auprès des maîtres japonais, nous entraîne dans le monde des yokai avec deux contes adapté en français et mis en scène par Sandrine Garbuglia, fondatrice de la Compagnie Balabolka. Pour les plus curieux, voici un résumé des histoires.


Le conteur Stéphane Ferrandez

Banchô Sarayashiki : Okiku était une belle et jeune servante au service d’un samuraï. Épris par sa beauté, ce dernier tenta de la séduire mais elle refusa ses avances. Pris de colère, il chercha vengeance et, pour ce faire, il lui confia la garde d’un set de dix assiettes, un trésor familial. Il profita d’un moment de son inattention pour en enlever une et l’accusa faussement de la perte. Il la tua et jeta son corps dans un vieux puits. Depuis, son fantôme s’élève du gouffre toutes les nuits et a tourmenté le samuraï jusqu’à sa mort, en comptant lentement jusqu’à neuf et éclatant en sanglot. Quiconque désormais entendra Okiku compter jusqu’à ce nombre mourra. Malgré la malédiction, deux hommes curieux s’aventurèrent dans le puits. Le fantôme d’Okiku fit soudainement son apparition et commença à compter. Au bout de six, les hommes s’enfuirent à toutes jambes. Déçus de ne pas être restés plus longtemps, ils décidèrent d’y retourner le lendemain. Au fil des jours, de plus en plus de monde les suivirent. Et c’est ainsi qu’elle devint aussi célèbre qu’une star d’Hollywood, ayant de nombreux produits dérivés à son effigie. Sa malédiction devint un show à part entière ! Le monde se rua pour assister à ce spectacle mais alors qu’elle arrivait à sept, les spectateurs, trop nombreux pour évacuer, furent pris au piège. À neuf, rien ne se passa et cela était très étrange car Okiku continuait de compter… Eh oui ! Le fantôme vedette avait attrapé un mauvais rhume et pour son public, elle compta une seconde fois !

Bunbuku chagama : Dans un temple, un bonze reçut comme présent de la part d’un de ses fidèles, une bouilloire. En la mettant sur le feu pour faire chauffer de l’eau, la bouilloire sauta : quatre pattes poilues et une queue touffue apparurent. Devant le regard médusé du prêtre, l’objet se transforma en tanuki, un chien viverrin. L’animal courrait dans toute la pièce, renversant tous les livres de prière. Mais lorsque le bonze appelait à l’aide, il reprit aussitôt sa forme initiale. Pétrifié de terreur, le bonze donna « la bouilloire » à un charpentier ambulant. L’homme repartit heureux avec l’objet, en plus d’un gros poisson qu’il reçut d’un ami. Le soir, il posa son poisson sur sa table, près de la bouilloire. Il s’absenta quelques instants et, à son retour, son dîner avait disparu. Le charpentier passa alors la nuit sans manger et lorsqu’il s’apprêtait à s’endormir, il entendit des pleurs. Il vit le tanuki fondre en larmes qui s’excusait d’avoir volé le poisson. Le marchand lui pardonna et le renvoya dans sa montagne. Mais le tanuki, rejeté par les siens, demanda refuge. En échange d’une protection, il lui offrit sa fortune. L’homme accepta et c’est ainsi qu’il donna des représentations dans la ville où l’animal magique se transformait. Les deux amis partirent en tournée pendant deux ans mais cela finit tragiquement une nuit d’hivers : le tanuki mourut de vieillesse auprès de son ami et devint une simple bouilloire.

 

Kojiki 1300, la genèse du Japon :

Qu’est-ce que Kojiki 1300 ? Il s’agit d’un spectacle de danse et de musique pour célébrer les 1300 ans du Kojiki, le livre le plus ancien du Japon. L’ouvrage nous transmet la mythologie japonaise : la naissance des dieux (kami), la création des îles du Japon et les débuts de l’empire.

Les artistes nous ont joué la scène du « Ame no Iwato » (la caverne du paradis). Elle nous raconte l’histoire d’Amaterasu Ohmikami, la déesse du soleil. Effrayée par la violence de son frère Susanowo no Mikoto, le dieu des tempêtes, la déesse se réfugia dans une caverne, faisant sombrer le monde dans l’obscurité. Pour la persuader de sortir, les autres kami organisèrent une fête à l’entrée de la caverne. La déesse de la gaité, Uzume, dansa lascivement et les dieux se mirent à rire. Amaterasu crut qu’on célébrait une déesse plus lumineuse qu’elle-même. Intriguée, elle sortit sa tête de la caverne et fut éblouie par son reflet dans un miroir. L’un des dieux l’empêcha d’y retourner et les autres l’implorèrent de ne jamais se cacher à nouveau. La déesse accepta, en échange du bannissement de son frère et ce fut ainsi que la lumière illumina de nouveau le paradis et les îles du Japon.

Le spectacle mêlait chant, danse et musique au son d’un shamisen, du kagurabue (flûte traversière), du shinobue (flûte traversière japonaise en bambou) et d’un clavier. Deux personnages étaient représentés sur la scène : la déesse Uzume, incarnée par la danseuse Yuri Fujikawa et Amaterasu, représentée par la chanteuse Sakuya Rei. Le spectacle (qui ne durait pas plus de 30 minutes) se déroulait en deux parties. La première fusionnait musique traditionnelle et danse contemporaine et la seconde laissait place à de la musique pop, évoquant le retour du soleil.


Du shamisen


La flûtiste


Le pianiste


La danseuse Yuri Fujikawa


La chanteuse Sakuya Rei


Le Taiko et la danse d’Awa :

Après les cordes et les vents, c’est au tour des percussions d’entrer en scène : place donc au taiko ! Le Tsunagari Taiko Center a fait son retour à la Japan Expo et continue de promouvoir les arts populaires japonais.

Le Taiko (ou wadaiko) :

On retrouve différentes tailles de taiko. Sur scène, nous avons pu entendre les sons du Shime daiko et du Nagado daiko. Le fût de l’instrument est creusé dans le tronc d’un keyaki, une variété de bois de plus en plus rare et cher. Les grands fabricants ont leur propre forêt afin de garantir un approvisionnement au fil des années. Une fois l’arbre planté, il faudra attendre 300 à 800 ans pour obtenir un diamètre suffisant afin de fabriquer les plus grands : les odaiko. La construction de ces instruments demande certes, un temps très considérable mais, grâce à ce bois dur, les taiko pourront être conservés pendant plus d’une centaine d’années.


Le Nagado daiko et le Shime daiko

Le taiko est une pratique qui implique à la fois une approche technique et musicale, mais aussi corporelle et énergétique. Ainsi, pour parfaire les rythmes entraînants et le puissant son du taiko, un travail du bassin (et non des muscles) est essentiel afin de développer souplesse, vitalité et création. Le taiko n’est pas uniquement une pratique musicale, il s’agit également d’un bon moyen pour se détendre et d’apaiser nos petits soucis du quotidien.


Cola Bonnan et Ayuko Bonnan Yonemura

La danse d’Awa :

La danse d’Awa est une danse originaire de Tokushima, dans le Sud du Japon. Elle est pratiquée dans les rues du 12 au 15 d’août, durant l’O-bon, un festival bouddhiste japonais honorant les esprits des ancêtres. Elle existe maintenant depuis plus de 400 ans et cette activité est ouverte à tous : aux hommes et aux femmes de 2 à 90 ans ! Sur la scène culturelle, Ayuko Bonnan Yonemura nous a fait une petite démonstration de la danse, accompagnée des battements du Shime-daiko de Cola Bonnan.


La danse d'Awa