Japan Expo 2012 - Entretien avec Wladimir Labaere (SAKKA)

/ Interview - écrit par OuRs256, le 01/08/2012

Vous les attendiez (comment ça non?!), voici quelques petites questions posées à un responsable de chez Sakka, il s'agit de Wladimir Labaere.

Entretien avec Wladimir Labaere, éditeur et traducteur chez Sakka (Casterman)


Bobobo-bobo-bobo T.1
Salomon IFRAH (SI)
 : Wladimir bonjour !
Wladimir Labaere (WL) : Bonjour.

SI : Tu travailles pour Sakka, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur l'éditeur ?
WL : Sakka est la collection manga des éditions Casterman qui a été créée il y 8 ans et avait pour vocation à l'origine de faire quelque chose de différent, du manga d'auteur, comme en témoignent les premières sorties du label avec des auteurs comme Kiriko Nananan, Daisuke Igarashi et toute une batterie d'auteurs du même acabit dont les travaux sortaient vraiment des sentiers battus. Casterman avait vraiment pour volonté de promouvoir un manga différent. Petit à petit, le catalogue s'est élargi à des titres plus grand public avec des séries comme Bobobo, Keiji... Depuis, on continue à publier du manga en gardant ces deux axes mais avec le souci constant de publier des titres de qualité, en lesquels on croit, qu'ils soient issus de magazines comme le Jump ou d'un artiste quasi-inconnu, on a cette exigence commune de qualité. Il faut qu'on ait un vrai coup de coeur pour le titre. Ce qui définit aussi Sakka, c'est le respect du travail de l'auteur dans le sens où on essaye de faire les livres les plus irréprochables possibles.

SI : Tu viens de parler de Bobobo. Il me semble que c'est un titre qui n'a pas eu énormément de succès en France alors qu'il vient du Jump et que, pour ma part, je  trouve génial. Est-ce que tu penses que c'est un humour qui est trop fermé pour le public français ?
WL : Je pense que Bobobo était un peu trop survolté, pas seulement pour le public français mais aussi pour n'importe quelle personne saine d'esprit.

SI : Bon, eh bien on a la preuve que je suis fou ! (rires).
WL : C'est même pas de l'effervescence dans le cas de Bobobo, c'est de l'hystérie constante dans chaque case. Disons que, c'est bien de lire un chapitre mais il est humainement impossible de lire un volume entier sans devenir fou ou d'être enfermé dans ses toilettes. Je pense qu'il y a un humour qui, moi, me plait énormément, qui est du nonsense absolu, on atteint vraiment des sommets dans ce type d'humour mais c'est un humour qui a fini par pénaliser cette série en termes commerciaux.


Keiji T.1

SI : Japan Expo est un événement impressionnant et qui doit prendre un temps fou à préparer. Pour l'éditeur concrètement... Comment ça se passe ?
WL : Casterman est un gros éditeur mais Sakka est une petite collection manga pour les raisons que j'évoquais tout à l'heure : on fonctionne par coup de coeur, on fait peu de livres parce qu'on veut les faire bien avant tout. On a des personnes chez Casterman qui s'en occupent plus directement pour ce qui est de la logistique. Moi, au niveau éditorial, mon rôle va consister à proposer des visuels pour le stand soit "cette année, on veut mettre telle ou telle série en valeur". Pour le coup, c'était l'année Thermae Romae. À partir de ce moment, on met en place le stand, on choisit les visuels, on étudie plusieurs possibilités quant à la disposition des éléments. Bien évidemment, tous les visuels que l'on souhaite utiliser et tous les goodies que l'on veut créer doivent être validés au préalable par les japonais. C'est là que j'entre un peu plus directement en scène.

 

SI : Japan Expo représente un temps fort dans l’année de l’éditeur mais comment ça se passe après ?
WL : Japan Expo est un rendez-vous incontournable, que ce soit avec le public mais aussi avec les éditeurs japonais que l'on rencontre beaucoup en coulisses mais après y a plein de choses qui arrivent. Angoulême est dans 6 mois, certes, mais avant il va y avoir des choses. Je sais qu'il y a un événement manga qui se prépare en septembre à Dax, c'est la  deuxième ou troisième édition et on est en pourparlers avec eux sur la meilleure façon de, pourquoi pas, promouvoir Thermae Romae sachant que Dax est une ville d'eau, où il y a eu des thermes à une époque. On se dit donc qu'il y a quelque chose à faire. Rien n'est encore fait mais on en discute. Évidemment, après Japan Expo, on va retourner à un travail plus purement éditorial, c'est à dire qu'on va revenir à nos bouquins, ceux qu'on sort, à nos lectures, celles qu'on découvre en espérant toujours tomber sur la perle. On revient un peu à notre coeur de métier.

 


Thermae Romae T.1
SI :
En parlant de nouveauté, comment se passe la communication autour d'une nouveauté ? Je me suis toujours demandé s'il y avait des dates à éviter comme la sortie d'un tome de One Piece par exemple...
WL : Évidemment, quand on est un Glénat ou un Kana, on va peut-être regarder quand on sort un One Piece ou un Naruto et encore... Je n'en suis pas sûr puisque ce sont des titres qui ont déjà une base de fans bien construite. Ce n'est pas du tout applicable pour nous au sens où on est sur un autre créneau. Notre ligne éditoriale est particulière et on ne tient pas compte des dates de sorties de la concurrence. Thermae Romae est sorti au mois de mars parce qu'il y avait le salon du livre et que l'auteur, Mari Yamazaki était invitée officielle. Les dates se sont donc presque imposées d'elles-mêmes. On a eu un petit peur au début vu que c'était aussi la semaine de sortie de Billy Bat et finalement, dans les quinze premiers jours de la sorties, il s'est avéré que les ventes de Thermae Romae étaient supérieures à celles de Billy Bat. Un salon est aussi une bonne occasion pour sortir un gros titre comme on l'a fait avec le tome 3 de Thermae Romae pour Japan Expo.

 


Mirai Nikki T.1
SI :
Il y a, en ce moment, un gros essor du manga numérique sur iZneo et sur iTunes. Je sais que l'un des séries de Sakka, Mirai Nikki est déjà en ligne. Comment Sakka voit-il ce nouveau média ?
WL : Casterman est vraiment intéressé au même titre que d'autres éditeurs. Sakka y a fait une entrée prudente pour l'instant avec Mirai Nikki. C'était un titre qui s'y prêtait à merveille car c'est un titre qui parle de téléphones portables et de gens qui lisent plus ou moins l'avenir dessus. Le coeur de l'histoire est lié au numérique donc ça s'imposait presque. On a lancé Mirai Nikki en numérique et encore une fois, on a pri notre temps parce qu'on voulait que, techniquement, le rendu soit parfait à l'écran donc on a fait plusieurs essais. On a essayé plusieurs façons de traiter les fichiers pour avoir le meilleur rendu possible et une fois qu'on a trouvé un traitement qui nous paraissait parfait, on a mis, après négociations encore une fois avec les japonais, Mirai Nikki à disposition en numérique et on essaye de le faire aussi pour Thermae Romae.

SI : Et au niveau des droits avec les japonais, ça n'a pas trop posé de soucis ?
WL : Au contraire, ils sont eux aussi -et encore une fois, je ne prêche que pour ma paroisse-, très ouverts. J'imagine que, sur des énormes licences, il doit y avoir des problèmes dont moi, je ne soupçonne même pas l'existence mais pour ce qui est de Mirai Nikki qui est un excellent titre (même commercialement) et d'un éditeur qui n'est pas spécialement petit (Kadokawa) au Japon, ça s’est très bien passé. Kadokawa était d'ailleurs très enthousiaste quand on a fait la proposition.

 

SI : Au niveau de la fin de l'année, qu'est-ce qui nous attend ? Peut-être la nouvelle série de Sakae Esuno, auteur de Mirai Nikki ?
WL : Bien évidemment, cette série, on la suit de près. On a lu le premier tome qui est sorti au Japon mais on n’a aucune annonce à faire pour le moment. Ça a été un plaisir de travailler sur Mirai Nikki, de le promouvoir mais aussi de le voir rencontrer son public et d'avoir l'auteur à Japan Expo. Chez Casterman, on aime
L'île Panorama.
bien, une fois qu'on a rencontré un auteur et qu'on a eu un coup de coeur, qu'une histoire d'amour a commencé, on aime bien que cette histoire continue. Sakae Esuno rentre dans ce cas de figure. Après, un tome, c'est peut-être un peu tôt pour se prononcer mais on est assez emballé à la lecture du premier tome de Big Order. Après, en terme d'annonce, rien de fracassant pour l'instant. Thermae Romae va continuer avec le quatrième tome à l'automne. On va le finir

l'année prochaine puisque la série sera en six volumes. On a pas mal de choses dans les tuyaux dont on ne peut pas parler pour l'instant mais on a eu quelques coups de coeur récemment qui sont soit concrétisés, soit en passe de l'être. En 2013, il va y avoir du Taniguchi a nouveau chez Sakka et d'autres belles choses. À la rentrée, quelques titres seront annoncés.

 

SI : Un petit message à faire passer aux lecteurs de Krinein ?
WL : Je pense que vos lecteurs viennent aussi sur Japan Expo. C'est devenu un rendez-vous que, à titre personnel, j'aime bien. C'est très convivial. Il y a une certaine forme d'effervescence et d'hystérie mais qui est agréable. C'est plutôt de la folie douce que de la folie dure. Ça échange beaucoup, ça communique, c'est très bon enfant. C'est vraiment un rendez-vous que j'attends avec plaisir et que je vis avec plaisir. J'espère que c'est la même chose pour les lecteurs et j'imagine que oui.

 


Skip Beat! T.1
SI :
Dernière question, c'est ma préférée. Je vais te demander quelque chose et il faut répondre le plus vite possible. Un manga ?
WL : Akira.

SI : Un auteur ?
WL : Maruo. (L'île Panorama)

SI : Un personnage ?
WL : Link. (The Legend of Zelda)

SI : Une rivalité ?
WL : Kaneda/Tetsuo. (Akira)

SI : Un couple ?
WL : Ren/Kyoko. (Skip Beat)

SI : Une scène ?
WL : La dernière page du tome 1 de Pluto, l'apparition d'Astro.

SI : Une attaque ?
WL : Hadoken ! (Street Fighter)