Interstella 5555
Manga / Critique - écrit par CBL, le 02/06/2003 (Tags : punk daft interstella film dvd animation musique
Si Arakneed n'avait pas parlé de ce film, je ne l'aurais probablement jamais vu étant donné sa faible médiatisation et son concept assez dingue. Vous allez comprendre pourquoi.
Le nom complet du film est Daft Punk & Leiji Matsumoto's Interstella 5555 : the 5tory of the 5ecret 5tar 5ystem. Ce film est le résultat d'une rencontre entre le créateur d'Albator et nos deux punks électro préférés. Vous avez peut-être vu les clips tirés des quatre premières chansons de l'album Discovery. Imaginez maintenant la suite de ces clips, imaginez que tout l'album Discovery serve de support à un film d'animation splendide de 70 minutes. Ouvrez grand vos oreilles et laissez-vous bercer.
Rassurez-vous, le film n'est pas juste un simple clip/long-métrage. Il nous conte une histoire très originale, mêlant fable poétique et science-fiction inventive. Un méchant producteur terrien va sur une planète extra-terrestre pour enlever le meilleur groupe, leur laver le cerveau et en faire des superstars sur Terre afin d'accomplir un terrible dessein. Heureusement, un héros veille. Fou amoureux de la guitariste, il part les sauver dans son vaisseau-guitare...
Le titre n'est évidemment pas innocent. A travers cette histoire, les Daft Punk dénoncent le star system et son cortège de producteurs sans scrupule prêts à sacrifier la vie d'artistes sur l'autel du disque d'or. Pour cela, les Daft Punk usent et abusent des références et des clins d'oeil : du détournement du logo Coca-Cola à la fausse cérémonie des MTV Music Awards (où ils se mettent en scène), tout y passe.
Aucune parole, quelques rares bruitages, la bande sonore se limite à toutes les pistes de l'album Discovery enchaînées dans le bon ordre. Et cela suffit amplement car bien plus que les images, c'est cet album qui raconte l'histoire. On comprend enfin le sens des chansons et leur enchaînement : Crescendolls raconte l'ascension du groupe éponyme (celui qui a été enlevé par le producteur) sur Terre et ce qu'ils doivent subir, Digital Love est l'histoire d'amour du héros telle qu'il la rêve... La musique est tellement cohérente et proche des images que si vous connaissez bien l'album, vous aurez déjà une idée de ce qu'il va se passer et devinerez à l'avance la fin du film ! Du coup, on se demande même comment l'album a pu exister sans le film et on se prend à parler de synesthésie tant le concept est abouti.
On pourra lui reprocher d'avoir des graphismes et une animation assez old-school (le style Albator mais en beaucoup plus détaillé et coloré), de passer en format 4:3 et d'avoir une qualité d'image affreuse au début. Mais ces détails sont vraiment minimes devant un tel chef-d'oeuvre. On en ressort émerveillé avec juste deux envies : remercier le trio Thomas Bangalter / Guy-Manuel De Homem-Christo / Leiji Matsumoto et écouter le CD, une fois, encore une fois, encore une fois... pour prolonger infiniment le trip.