Hokuto no Ken (Ken le Survivant) - la série
Manga / Critique - écrit par weirdkorn, le 28/10/2005 (
Un cri suraigu déchire l'air. Au même moment, un poing part à une vitesse fulgurante. Un grand brun qui tire la tronche déclame dans un silence de mort : "Tu ne le sais pas encore mais tu es déjà mort". Le grand punk hyper musclé en face de lui rigole d'un air niais avant de voir sa boîte crânienne se déformer puis exploser dans d'énormes jets de sang noir. Bienvenue au coeur de l'anime de Ken le Survivant, un des dessins animés les plus violents réalisés à ce jour. Diffusé lors de notre tendre enfance dans le Club Dorothée et vite retiré de l'antenne à juste cause, cet anime possède dans notre beau pays une renommée exemplaire en partie due à un doublage hors norme. Retour sur la version française de ce phénomène.
Dans un monde post-apocalyptique où la terre n'est plus qu'un gigantesque désert, la population se voit tyrannisée par des brutes assoiffées de sang. Il existe heureusement un espoir à leur situation : Ken, un maître d'arts martiaux aussi connu comme l'homme aux sept cicatrices. Parti retrouver sa chère Julia après qu'elle se soit faite enlever par son pire ennemi, Ken ne doit compter que sur sa seule force pour réussir la mission qu'il s'est imposé.
Disons-le tout net, on se fiche éperdument de l'histoire. Il y a un gentil, plein de méchants et tout ce que l'on attend c'est qu'ils se tapent dessus, chose qu'ils ne font pas à moitié. Ken le survivant, c'est avant tout la violence à son apogée. Le dessin animé n'est pas du tout ciblé pour les enfants, contrairement à ce que les gens d'AB Productions ont pu penser, et il était même programmé à deux heures du matin au Japon. Ken ne réfléchit pas, il fonce et il tue. Il casse les bras, défonce les cervicales, explose les cerveaux, enfonce ses doigts dans les tempes de ses adversaires et se permet même de les torturer. De plus, les coups portés n'ont d'effet que quelques secondes plus tard d'où le fameux « Tu ne le sais pas encore mais tu es déjà mort ». Bien que la série soit censurée, le sang étant remplacée par des gerbes lumineuses, elle n'en demeure pas moins particulièrement gore. Evidemment, les gosses adorent ça et ce dessin animé doit d'abord son succès à sa violence sans limite.
Mais il ne faut pas voir Ken le survivant au premier degré. La série est d'une nullité sans égale si on s'intéresse un tant soit peu à l'histoire ou aux personnages. Il faut y voir avant tout du grand n'importe quoi et se détacher du ton sérieux de l'anime, ce que les doubleurs français ont parfaitement compris. Ayant eu une liberté totale sur les dialogues, ils ont commencé à délirer et à faire des concours de blagues pour dédramatiser le ton de la série. Dès lors, Ken ne ressemble aboslument plus à sa version originale, devenant une sorte d'ovni télévisé ou les personnages aux voix débiles sortent des jeux de mots avant de se tuer. Entre le nom des deux écoles d'arts martiaux, celle d'Hokuto de cuisine et de Nanto de fourrure, ou le personnage de Ryuga (ce qui signifie nougat) parti à Montélimar, on a vraiment affaire à un condensé de délires particulièrement insolites.
Dur d'écrire sur la version française de Ken le survivant. D'un côté, monstrueusement nulle et violente, de l'autre tout aussi violente mais incroyablement fun, on retiendra surtout le sang qui gicle, les os qui craquent et les idioties prononcées. "Par le Hokuto à viande, je couperai vos gigots !". Voilà une allocution qui résume parfaitement l'esprit de ce dessin animé pas comme les autres. A en rire ou à en pleurer.