7.5/10L'Envol

/ Critique - écrit par juro, le 18/04/2006
Notre verdict : 7.5/10 - Léger comme une plume (Fiche technique)

Appréhender un recueil de nouvelles comme L'Envol s'avère toujours plus ou moins compliqué pour plusieurs raisons : la variété et la qualité des histoires, leur développement et l'inévitable comparaison qui s'impose. Au-delà de toutes ces caractéristiques, le manhua de Xiaoyu Zhang parvient à se faire une place au soleil en deux histoires courtes dont on ne saurait dire laquelle est la meilleure. L'équivalence permet de passer de l'une à l'autre sans problème et même si mon coeur penche légèrement pour la seconde, la lecture se révèle un petit moment d'apaisement sur le thème d'enfant solitaire et désespérément à la recherche d'un rêve à atteindre. Touchant à plus d'un titre, L'Envol s'expose comme un nouvel exemple que la BD chinoise recèle de bons titres à découvrir...

Vol de nuit

L'Envol
L'Envol
Zhengfei était grand et maigre. Il était toujours le premier de la classe, mais toujours assis au dernier rang... mis à l'écart. Car on ne plaisante pas avec les fils contestataire en cette période de « révolution culturelle ». Alors, comme son père avant lui, il construit des avions, encore des avions, pour un jour... s'envoler...

Autre histoire, autre époque : Timi est un enfant de la préhistoire enlevé par des savants du futur. Comment va-t-il supporter son transfert ? Est-il vraiment capable de s'adapter ? Une histoire inspirée d'un roman d'Isaac Asimov, l'un des maîtres de la science-fiction moderne.

Aussi différentes peuvent-elles paraître sur le papier, les deux histoires présentent des points communs notables avec des personnages principaux qui ne sont pas les narrateurs d'histoire bien construite du début à la fin. La première nous plonge dans la Chine communiste des années Mao avec des enfants rêvant d'horizons nouveaux alors qu'ils sont confinés dans un environnement hostile, trop proche de la réalité pour se rapprocher du rêve d'Icare. La nouvelle tirant son origine des écrits d'Asimov crée un étrange parallèle avec cette première histoire dans un autre environnement, avec des personnages différents et un contexte apolitique ce coup-ci. Mais alors ces points communs ? Le regard de l'auteur plein de compassion et la mise en valeur des personnages principaux rend l'oeuvre intense. Les regards dégagent des émotions avec beaucoup de non dits et impliquent le lecteur.

Des intrigues pas plumées

Somme toute, le ton reste léger et les thèmes forcément inachevés, le tout laissant place à une très large libre interprétation du lecteur. L'Envol saura séduire par son côté léger, des personnages particulièrement attachants car à la recherche d'un rêve inatteignable et ne renonçant pas à leur but. Les obstacles sont nombreux, paraissent insurmontables mais l'espoir prend sa source dans le défi apparaissant. Et si les personnages ne sont pas toujours conscients du danger et des barrières qui les entourent, l'insouciance représente une force supplémentaire pour s'élever et s'envoler au dessus du monde qui les entoure.

Xiaoyu Zhang est un incroyable dessinateur capable de présenter de multiplier les facettes de ses personnages en un rien de temps. Difficile de cerner un personnage en l'espace de quelques cases tellement ceux-ci se révèlent complexes. Le travail est de très bonne facture avec un trait effleurant les visages, des hachures donnant des aspects de mouvement ou de mystère, un découpage super dynamique... Un travail surprenant, peut-être tout autant que celui de Benjamin pour Remember mais dans un autre genre. L'influence de l'ordinateur demeure déterminante sur L'Envol à tel point qu'il en devient difficile de déterminer ce que l'auteur a réalisé lui-même ou non.

L'Envol se présente comme un très bon recueil plein d'intérêt scénaristique et graphique mais le manque d'envergure de ses histoires devrait plutôt le confiner dans les mains prestigieuses des collectionneurs. Xiao Pan fournit un livre de grande qualité au niveau de l'édition et de l'impression dans un format qui permet d'apprécier à sa juste valeur une oeuvre qui le mérite bien.