Les Chroniques de la Guerre de Lodoss
Manga / Critique - écrit par camite, le 29/09/2004 (
Tableaux animés, éclairs fluides et perçants, ombres chinoises, musique wagnérienne... L'introduction des Chroniques de le guerre de Lodoss, qui retrace la genèse de l'île maudite, est magnifique. A tel point que le changement d'ambiance avec le générique de chaque épisode peut dérouter, celui-ci étant accompagné d'une musique niaiseuse comme seules les artistes pop japonaises en ont le secret (et encore, la dernière édition DVD nous épargne la voix).
Pluie torrentielle, foudre fendant les airs, personnages encapuchonnés, fumée s'échappant de leurs bouches, petite musique latino-médiévale... quelle ambiance ! Le prologue de la série a la bonne idée de nous placer d'entrée un peu plus loin que le début de l'histoire, d'où mystère sur le pourquoi de la quête et les motivations des uns et des autres. Rapidement, une première scène d'action tonitruante révèle une animation très fluide, un design qui a de la gueule et une bande sonore ad hoc. Le premier épisode est superbe. Est-ce que cela va continuer ?
Malgré un fond sensiblement différent (rapidement : une sorcière jouant aux échecs avec l'Histoire et contre elle-même), Chroniques de la guerre de Lodoss comporte de nombreuses similitudes avec Le Seigneur des Anneaux de Tolkien. Des royaumes en guerre, une quête de la dernière chance, des seigneurs sur le déclin, une compagnie formée de mages, guerriers, elfe et nain à la rivalité évidemment exacerbée... Nous auront également droit aux armées de gobelins, à la forêt dont on ne revient pas, au pays dévasté par les ténèbres...
Les amateurs de jeux de rôles devraient trouver leur bonheur avec les dragons, la sorcière, l'elfe en minijupe ou en décolleté à la Jennifer Lopez, et les incantations à deux balles genre « Sylphe esprit du vent, par ton souffle va me guidant ». Dans le même ordre d'idées, quelques créatures font penser aux jeux vidéo Final Fantasy (particulièrement vers la fin, véritable fourre-tout avec même des gobelins zombies), tout comme la façon de tromper le spectateur avec le coup du le plus méchant des méchants n'est pas forcément celui qu'on croit.
L'univers de Lodoss et l'histoire des personnages se mettent bien en place, avec quelques effets graphiques de bon ton (voir les flashback de Parn repensant à son père). Malheureusement, les conneries commencent rapidement. Tous les combats se ressemblent dans leur mise en scène et leur montage, les raccords sont toujours les mêmes, la musique devient saoulante à force de se répéter... Pire, des plans reviennent à l'envi tout au long de la série : les éclats de sang ou éclairs d'épée sur fond noir, les gros plans sur les visages avant impact, l'épée pointant vers le ciel, les têtes de la sorcière, les épées qui retombent plantées dans le sol, au loin, les pattes des chevaux galopant de face...
Toutes ces scories nous valent quelques scènes franchement comiques, comme le combat entre Parn et le chef Gobelin dans le village, le bal avec persos fixes, les chevaux qui semblent flotter au-dessus du sol... Dans l'épisode 6, une petite musique retentit soudainement lorsque Parn lève son nouveau bouclier, on se croirait dans Zelda ! Puis arrive une séquence entière en plans figés (flashback stylé ou baisse du budget ? Y a plus d'sous ? Pas grave, mets direct un cellulo), des plans réutilisés d'une scène à l'autre même si rien à voir...
Et alors attention, LA grande bataille épique de la série... seule innovation : des traits rouges qui traversent l'écran horizontalement sur le visage des persos. Le début est minable, avec Ashram levant son épée avant descente de la colline (vue de loin) par les meutes de gobelins. Tout le monde se faisant massacrer dans une ellipse histoire d'aller à l'essentiel : deux vieillards se battant sur fond de soleil couchant. Hum.
Mais ne soyons pas trop chiens de guerre non plus. L'esthétique est soignée, dans le choix des couleurs ou la finition des effets. Certaines batailles rendent pas mal grâce aux notions d'héroïsme et d'honneur mises en avant par les personnages. Et puis il y a quand même de beaux plans, bien composés, presque mythologiques. Et l'histoire dans son ensemble se suit bien, notamment grâce aux relances efficaces à mi-parcours : nouveaux personnages, nouvelle sorcière... Pourtant, la fin est nettement moins captivante. Wagnar, trop stéréotypé, n'est pas un méchant très charismatique, et ses motivations font sourire : anéantir tout le monde, rester le dernier survivant et régner sur une île déserte, franchement, quel intérêt ?