7.5/10Chonchu

/ Critique - écrit par Kei, le 23/08/2005
Notre verdict : 7.5/10 - Démons et merveilles (Fiche technique)

Tags : chonchu kim manga vol tome evaluation tokebi

Le fils du démon

Chonchu est le fils du démon. Maudit depuis sa naissance, il est détenteur de la pierre du démon (comprendre : cette pierre est incrustée dans son torse) qui le rend invincible. Quelles que soient ses blessures, il s'en remet toujours. Sa venue au monde avait été annoncée par l'oracle et son père avait décidé de le tuer, pour éviter sa perte et celle de son clan. Mais sa mère ne pouvant se résoudre à voir son fils se faire tuer, elle réussi à convaincre son mari, le roi des Yemaeks, de l'envoyer chez les guerriers Mirmidon plutôt que de l'assassiner directement.
Chonchu est maintenant adulte. Il vit avec les Mirmidons, mais ceux-ci ne sont pas dupes : le fils du démon causera aussi leur perte.
Chonchu vit dans un monde imaginaire, où des royaumes et des clans se livrent un guerre perpétuelle, tantôt physiquement, tantôt moralement. C'est un monde sans foi ni loi où les petits sont écrasés sans aucune considération, où le peuple n'est rien d'autre que du bétail.

Oedipe pas roi

Chonchu
Chonchu
Il serait un peu prétentieux de penser pouvoir résumer le climat politique de Chonchu tant il est complexe. Tout comme il serait un peu simpliste de réduire le héros à un simple oiseau de mauvaise augure psychopathe. Pour donner une meilleure idée de la richesse de ce manhwa, il est plus pertinent de faire une comparaison avec un des grands mythes grec : mis à part le fait qu'il ne couche pas avec sa mère, Chonchu est la parfaite incarnation du personnage d'Oedipe. Même l'univers dans lequel il évolue fait penser à la Grèce antique : les différents royaumes avec leurs guerres d'influence et leurs luttes intestines rappellent les cités grecques, tout comme la présence des oracles et l'existence des classes sociales de droit (par opposition aux classes de fait.)

Rah lovely

Bien sûr, avec un tel contexte, il serait dommage d'avoir des personnages sans profondeur. Heureusement, ce n'est pas le cas, et même les personnages secondaires sont intéressants. Les personnages principaux ont tous une vraie personnalité. Même les femmes, qui d'habitude sont effacées, timides et qui ne sont généralement que des « faire valoir » ont dans cette série une vraie place. Entre celles qui sont reines, celles qui sont les conseillères, les guerrières, les assassins, on ne peut pas dire qu'elles n'aient pas un rôle prédominant.
Niveau character design, tout est à la hauteur. Bien sûr, les personnages n'ont souvent qu'une seule tenue, mais elles ne se ressemblent jamais et sont toutes plutôt originales. Mais on sent que le dessinateur (Kim Byongjin) aime dessiner les corps : les tenues sont très souvent moulantes, ouvertes pour dévoiler des torses musclés ou un ventre ferme. Cela n'a rien de gênant, d'autant plus que Chonchu est sans doute le plus beau manwha que j'ai pu lire.


En effet, le dessinateur montre ici l'étendue de son talent. Les personnages sont incroyablement détaillés et ils fourmillent de détails, mais ce qui impressionne surtout, ce sont les ombres. Alors que dans un manga il n'y a généralement que 3 trames qui se courent après, dans Chonchu les ombres sont vraiment travaillées, toutes en nuances. C'est particulièrement visible sur les vêtements, qui sont de toute beauté.
Malheureusement, comme rien n'est parfait, on peut faire deux reproches à ce dessin. Tout d'abord, il manque cruellement de décor. Quand il y en a, ils sont très corrects, lorsqu'il s'agit de végétation par exemple, mais généralement, les personnages évoluent sur un fond vide. Le deuxième point est plus grave : les visages se ressemblent tous. Certes, il s'agit d'un reproche courant à l'encontre du manga ou du manhwa, mais ici les personnages sont trop nombreux pour que l'on puisse se permettre ce genre d' « erreur ». On les confonds un peu trop souvent, surtout au début de la série.
Ceci dit, la technique est maîtrisée, et cette série est pleine de bonnes idées. On peut lui reprocher une mise en page très classique, mais ce défaut est bien vite oublié. Les auteurs font un usage intensif (surtout au début) des flash-back, signalés par un espace entre les cases noir . Au rayon des bonnes idées, on trouve l'absence d'onomatopée spendant les combats, les rendant plus tragique.

Un manga parfait ?

Il ne faut rien exagérer, Chonchu est loin d'être exempt de défaut. D'abord les auteurs ont cru bon d'insérer ici et là des scènes soit disant drôles et qui sont totalement décalées avec le ton du manga. Très vite, ils introduisent du SD, plutôt mal fait d'ailleurs. Ceci dit, le SD devient très « normal » dans les derniers tomes, mais ces pointes d'humour ne trouvent pas vraiment leur place entre deux massacres.
Ensuite, et ce reproche est surtout vrai dans les premiers tomes, Chonchu est terriblement confus. La masse d'informations à ingurgiter est très importante et dans les premiers tomes, la narration est encore mal maîtrisée. Ce qui empêche une bonne compréhension du manhwa. Le lecteur est complètement perdu et enchaîne les scènes de massacres sans bien savoir qui y prend part, ni en quel nom ils sont perpétrés. C'est vraiment dommage, d'autant plus que dès le tome 6 ce défaut est corrigé. Mais 5 tomes où l'on navigue à vu, c'est un peu trop pour une série en 15 tomes. C'est sans doute ce qui empêchera ce manga de devenir une référence absolue, bien qu'il en soit une pour ce qui est du dessin.

A noter : il est sorti 3 coffret de 3 tomes chacun, avec de belles illustrations.
Pour finir, vous avez peut être remarqué dans la fiche technique que ce qui parait en ce moment est la saison 1 de Chonchu. Les auteurs feront une deuxième saison après avoir fait une autre série, totalement différente. Elle sera bien entendu publiée en France, toujours par
les éditions Tokebi.