Adekan T1
Manga / Critique - écrit par Mimi0524, le 27/04/2012 (Tags : manga adekan ototo nao tome shojo  
Kôjirô et Shirô Ototo Manga inaugure son catalogue seinen avec Adekan, la première œuvre de Nao Tsukiji. C’est d’ailleurs très étonnant puisqu’il s’agit d’un shôjo… On comprend aussi vite le choix des éditeurs qui s’attachent à nous dévoiler le côté mature du manga (qui explique un peu son classement en seinen). Mêlant suspense et action, Adekan saura plaire à un plus large public.
C’est l’histoire de Kôjiro Yamada, un jeune policier téméraire et passionné de justice qui enquête sur des meurtres en série de jeunes femmes. Il rencontre Shirô, un marchant de parapluie androgyne, paresseux, souvent débraillé et il se donne le devoir de l’éduquer. Shirô se retrouve par la suite impliqué dans l’affaire du Pont de la mariée. Ce dernier, captivé par les convictions de Kôjirô, révèle ses talents de maître d’armes. D’étranges enquêtes se succèderont et notre vaillant policier devra les résoudre avec l’aide inattendue de son nouvel allié…
En quoi Adekan se démarque t-il des autres sorties du genre ? Tout d’abord parce qu’il a comme personnages principaux… des hommes. Nao Tsukiji n’est évidemment pas la seule à exploiter ce phénomène. On peut citer Aya Kano qui dans Otomen qui a su nous divertir en inversant les rôles. Mais ce qui fait la particularité d’Adekan c’est son univers envoûtant où la romance est effacée et où règnent le mystère et l’action. Le manga nous plonge dans une ville de l’ère Meiji (1868-1912) assez fantasmée où se manifestent des phénomènes bien étranges. Une mariée ensanglantée qui apparaît sur un pont, une série de meurtres de beaux jeunes hommes, un chien dévoreur de chair humaine et une femme sans mains déambulant dans la ville : toutes ces enquêtes sordides avec un semblant de surnaturel seront aussitôt résolues par nos protagonistes.
La tonalité relativement pesante des enquêtes est détendue par l’humour particulier de l’œuvre, fondamentalement provoqué par le tandem décalé que forme Kôjirô et Shirô. L’obsession du policier à vouloir à tout prix éduquer le marchant nous conduit vers des situations ambigües qui ravissent pleinement les fans de shonen-aï même si, comme le répète Kôjirô à sa petite sœur (et aux lecteurs par la même occasion) : « ne te méprends pas » ! En effet, Shirô a du mal avec les fundoshi (sous-vêtements japonais) et préfère se promener avec l’entrejambe à l’air (censuré), au plus grand dam de Kôjirô. L’exhibition du jeune homme constitue un running gag qui, à force de répétition se révèle très lassant.
La narration est, quant à elle, confuse avec quelques passages elliptiques, il faut donc bien ouvrir l'œil ! Son schéma est assez répétitif mais il parvient cependant à introduire les personnages qui ont chacun une personnalité unique : Kôjirô d'abord, un garçon altruiste, sérieux et énergique qui contraste avec l’excentrique, insouciant et paresseux Shirô, qui se révèle être un assassin impitoyable. Le troisième chapitre présente deux nouveaux personnages : Saburôta et Anri. Le premier est le policier que Kôjirô considère comme son grand-frère, qui n’a pour l’instant qu’un rôle comique mais on espère le voir évoluer par la suite. L’apparition du second, personnage antagoniste/rival par excellence, fait resurgir le passé de Shirô qui ne demande qu’à être dévoilé. Une femme serait aussi la bienvenue parmi tous ces hommes... On pense d’ailleurs à la jeune sœur de Kôjirô qui sera peut-être plus mise en avant dans les prochains volumes.
On ne manque pas de saluer le graphisme de la mangaka. Les visages sont fins, les corps sont volontairement filiformes et sensuels par moment. Les décors, les vêtements ou les parapluies fantaisistes de Shirô sont traités avec minutie et détail. On est, en revanche, moins convaincu par le découpage désordonné qui nuit à la compréhension du récit.
Avec son univers particulier et ses personnages attachants, Adekan nous offre une lecture agréable malgré quelques maladresses narratives. Son côté fan-service risque cependant de diviser le lectorat mais Nao Tsukiji laisse quelques indices intrigants qui nous poussent à attendre la suite. Rendez-vous dans un mois !